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AG de la FOP : l’agriculture montre les muscles avant le SIA

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Réunis en assemblée générale le 30 janvier à Paris, les producteurs d’oléoprotéagineux ont montrés que tous les maillons étaient prêts à construire une filière protéine forte, aussi bien dans un cadre européen que français. Le Gouvernement est particulièrement attendu sur l’accompagnement à l’investissement et la réglementation sur les biocarburants.

Jeudi 30 janvier à Paris, à quelques semaines du Salon de l’agriculture, l’assemblée générale de la FOP revêt des airs de répétition générale. Conscients des réponses que les protéines végétales peuvent apporter à une société en quête de durabilité, les producteurs d’oléoprotéagineux manifestent leur impatience vis-à-vis des pouvoirs publics. Du plan de filière réalisé pour les États généraux de l’alimentation, à la déclaration du Président de la République lors du dernier G7 sur l’importance d’une « souveraineté protéinique », en passant par les rendez-vous manqués du ministre de l’Agriculture avec la filière tout au long de l’année 2019, les raisons d’un désamour ne manquent pas.

« Prêt à accompagner les ambitions de la Nation »

Alors lorsque s’y ajoutent les craintes et les interrogations légitimes à toute filière agricole en France aujourd’hui, tant sur la diminution des matières actives, que sur les ZNT, la peur des NBT ou encore les intrusions sur les exploitations, les discours sont sans détour. « Nous voulons des réponses sur le plan protéine avant le SIA », somme le président Arnaud Rousseau. Prêt à accompagner « les ambitions de la nation » pour l’alimentation humaine et la transition énergétique, celui qui pilote le projet FNSEA 2025 pour le renouveau du syndicalisme français, fustige les dérives sur les ZNT, la RPD ou encore le « hold-up de l’État » sur les fonds Casdar pour le développement agricole et rural.

Redonner sa place à la science

A côté des inquiétudes sur la PAC, le Brexit, l’avenir du biodiesel et la concurrence de l’huile de palme, la question des surfaces de colza occupe une partie des échanges entre les producteurs. Sébastien Windsor, président de Terres Inovia précise que « l’innovation n’est plus verticale, en provenance des labos, mais combinatoire via le terrain » et prend l’exemple du virage stratégique de DE SANGOSSE, accompagné par Sofiproteol, sur les biosolutions. Le fraîchement élu président des Chambres d’agriculture cite alors Emmanuel Macron sur le fait « qu’il ne peut y avoir de transition si on est dans l’impasse » et plaide pour « un constat clair, mesuré, équilibré » sur les questions scientifiques. En particulier sur la génétique, où entre NBT et VTH, il rappelle que l’agriculture ne joue pas « aux apprentis sorciers ».

Un besoin d’accélération en R&D

Xavier Dorchies, directeur général délégué de Sofiprotéol et directeur stratégie et développement du groupe Avril démontre quant à lui que le bras industriel et financier de la filière travaille déjà à la souveraineté protéique de la France. Outre l’alimentation animale, « Avril innove aussi par la valorisation de la protéine de colza en alimentation humaine, au travers d’un projet avec DSM : c’est une première mondiale », déclare-t-il. Cependant, selon lui, la France doit accélérer sur la R&D afin de ne pas laisser les parts de marché à d’autres pays, notamment le Canada. « Il convient de rester à la hauteur des efforts et avancées de la recherche internationale », précise-t-il avant de rappeler que « la souveraineté protéique de la ferme France ne peut se faire sans assurer un débouché des huiles végétales », et d’appeler ainsi à un cadre réglementaire stable pour le biodiesel.

Plan protéine : bientôt des annonces… ?

Venu représenter les pouvoirs publics, Philippe Duclos, directeur général adjoint de la DGPE (Direction générale de la performance économique et environnementale), partage le constat que la protéine est une question structurelle, et plus uniquement productive. Il précise que les équipes du ministère ont travaillé d’arrache-pied et qu’elles sont elles aussi « dans les starting-block » pour un plan protéine ambitieux… Mais que « les fonctionnaires ne peuvent pas faire les annonces avant le ministre ou le Président de la République ». Bientôt le Salon.