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Agence bretonne pour la biodiversité : « Nous avons besoin de l’implication des agriculteurs »

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Dès 2016, lors de la création de l’Agence française de la biodiversité (AFB), la région Bretagne a montré sa volonté de créer une Agence régionale. Un processus qu’elle a engagé depuis 2017, avec l’AFB, la direction régionale de l’Environnement (Dreal), la Région et l’Agence de l’eau Loire Bretagne. Le groupe pilote a réuni les parties prenantes le 4 décembre 2018, et a précisé que l’Agence bretonne de la biodiversité (ABB) serait finalisée pour la fin 2019. Entretien avec Sylvie Detoc, directrice interrégionale de l’AFB Bretagne-Pays de la Loire.

Référence environnement : Comment les agriculteurs seront-ils impliqués dans l’Agence bretonne de la biodiversité ?

Sylvie Detoc : L’ABB a besoin de l’implication des agriculteurs et d’identifier les pratiques compatibles avec la préservation des milieux. Les algues vertes sont par exemple un sujet qui doit mobiliser la profession agricole. Ce secteur doit limiter la pression sur les milieux, replanter des haies bocagères, maintenir des bandes enherbées le long des cours d’eau… Des initiatives intéressantes existent déjà, à l’instar de la préservation des zones humides dans le Finistère avec la Chambre d’agriculture. Les chambres sont d’ailleurs partenaires de l’ABB. Nous avons aussi besoin des filières agricoles et de l’implication des coopératives, qui fédèrent de nombreux agriculteurs. Nous allons mettre en place un label pour les entreprises qui s’engageront avec l’Agence.

Par ailleurs, les chambres d’agriculture, Jeunes agriculteurs, FNSEA, etc. pourront siéger au niveau du Comité régional de la biodiversité. Son arrêté de composition est encore sur la table du préfet, mais des réunions ont déjà eu lieu.

R.E. : Quel a été le travail, depuis un an et demi, du groupe pilote pour la création de l’ABB ?

S.D. : Nous avons listé les réseaux existants et identifié les besoins. Les acteurs réclament davantage de transparence et de coordination. Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (Sraddet), trame verte et bleue (TVB), schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux (Sdage)… de nombreux documents de planification des politiques publiques doivent être mis en cohérence. Ensuite, nous avons relevé un manque au niveau des outils d’ingénierie du territoire pour appuyer les actions, échanger sur les bonnes pratiques, aller chercher des financements. Une meilleure coordination des connaissances est aussi essentielle, car les données sur la biodiversité sont diffuses. L’ABB devra aussi mettre en synergie les réseaux. Enfin, nous insistons sur la nécessité de renforcer l’éducation à l’environnement, pour mobiliser les citoyens.

R.E : Quelle sera le mode de gouvernance et les financements de l’ABB ?

S.D. : Nous avons soumis une proposition de gouvernance aux partenaires. Nous souhaitons un noyau dur sous la forme d’un établissement public de coopération environnementale. Cet EPCE pourra nouer des conventions avec des partenaires. Il serait composé d’un conseil d’administration, d’un comité d’orientation avec les parties prenantes et de différents pôles projets. Ce schéma est celui choisi par l’Agence régionale de la biodiversité Val de Loire. Quant aux financements, les 400 000 euros se répartissent à parts égales entre la Région et l’AFB. D’autres moyens pourront venir des partenariats.

R.E. : Où en sont les autres régions ?

S.D. : L’ABB sera la cinquième déclinaison régionale de l’AFB, après l’Île-de-France, la Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’Occitanie, le Centre-Val de Loire. La Nouvelle Aquitaine a préféré créer une association de la biodiversité, non rattachée à l’AFB.