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Agrocarburants, les députés veulent une France moins importatrice

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Les agrocarburants, oui, mais made in France. La mission parlementaire mise en place en 2018 sur les biocarburants d’origine agricole a remis son rapport à la commission développement durable de l’Assemblée nationale le 22 janvier. Les députés portent un jugement assez positif sur cette filière… du moment qu’elle s’approvisionne en France. L’importation, notamment d’huile de palme, est en revanche fortement critiquée, sans véritable surprise : la mission avait été lancée en réponse à la polémique de la raffinerie Total de La Mède, qui prévoyait justement d’avoir largement recours à cette matière première.

Haro sur l’huile de palme, priorité aux cultures françaises

Les rapporteurs notent qu’en 2018, 18 % des volumes de biocarburants incorporés en France étaient issus d’huile de palme. À ce titre, ils jugent avec sévérité les atermoiements parlementaires intervenus lors du vote de la loi de finance 2020, au moment de valider la fin des avantages fiscaux liés à l’importation d’huile de palme, annoncée fin 2018. Mais ils s’inquiètent aussi de voir que le colza utilisé dans les biodiesels français est également largement importé, à hauteur de 20 % en 2017, « alors que la France pourrait couvrir totalement la filière », selon le rapport. Les conclusions de la mission invitent clairement à accompagner le secteur dans une réorientation de son approvisionnement depuis la France.

Discuter avec l’UE d’un taux d’incorporation à la hausse

Car, selon les députés, les agrocarburants ont plusieurs atouts : leur impact carbone moindre que celui des carburants classiques, leur prix raisonnable à la pompe, l’indépendance énergétique ou encore la consolidation de l’autonomie protéique, via la coproduction de tourteaux. Le rapport suggère même de rouvrir, au niveau de l’Europe, la question du taux d’intégration des agro-carburants, actuellement établi à 7 %, pour le revoir à la hausse.

Et pour cause : les biocarburants de deuxième génération, sur lesquels l’UE souhaite mettre l’accent dans les années à venir au détriment des agrocarburants, ne sont pas prêts à prendre la relève. Les rapporteurs estiment que les avancées technologiques ont pris du retard. Ils prônent donc davantage d’investissements dans la recherche, pour en réduire les coûts, notamment.