Aides au maintien en bio : de nouveaux dispositifs en réflexion
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2018 ou 2019 ? Stéphane Travert et les députés de la commission des finances ne sont pas d’accord sur le calendrier. Mais les aides d’État au maintien en bio sont vouées à disparaitre. Si la filière accuse le coup, l’heure est aussi au remue-méninge, pour dessiner les contours d’un nouveau modèle économique sans ces aides.
Plusieurs pistes seraient envisagées au sein du gouvernement. Parmi celles-ci : un fonds abondé par les grandes et moyennes surfaces, destiné à la contractualisation avec les producteurs bio sur des durées de 4 ou 5 ans. Stéphane Travert a affirmé être actif sur ce dossier, le 16 novembre en marge de la Cop23. Arnaud Gauffier, chargé de programme agriculture durable au WWF, a eu vent de ce projet. « C’est encore flou, explique-t-il. Qui aura la main sur ce fonds ? Difficile d’imaginer les GMS laisser l’État seul gérer cette manne. Si ce sont les GMS qui pilotent elles-mêmes, comment seront opérés les arbitrages entre les filières bio ? »
Stimuler le marché, rassurer les banquiers
Autre piste : instaurer l’obligation, pour les distributeurs, de stimuler le marché en proposant un minimum de bio dans les étals. Sous peine de s’affranchir d’amendes qui viendront financer les exploitations bio. « L’idée rencontre un succès d’estime, sans aller jusqu’à convaincre », regrette encore Arnaud Gauffier.
Au WWF, on imagine d’autres moyens, pour l’État de continuer à jouer un rôle de soutien. « Par exemple, en se portant garant des agriculteurs bio auprès des banques, illustre Arnaud Gauffier. Aujourd’hui, peu de demandes de prêts aboutissent car les projets sont jugés risqués ou peu rentables. » Si l’ONG essaye de faire valoir ce système auprès des pouvoirs publics, la réceptivité de ceux-ci n’est pas encore connue.
L’État n’est toutefois pas l’alpha et l’oméga du soutien aux agriculteurs bio. Comme le rappelle Stéphane Travert, « les régions restent susceptibles d’apporter leur contribution. » Mais toutes les régions ne semblent pas enclines à jouer le jeu, avec pour conséquence le risque de disparités entre les territoires. Certaines structures décentralisées comme les Agences de l’eau disposent également de leurs propres fonds pour favoriser l’agriculture bio. Nicolas Imbert, directeur de l’ONG GreenCross avertit cependant : « Attention à ne pas surestimer leurs moyens, et à ne pas les sur-solliciter ! »