Assises de la bio : un développement qui passe par les dynamiques territoriales
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« Je suis un militant du bio et je demeure convaincu que c’est par l’exemplarité du bio que le changement aura lieu. » Des propos signés de Didier Guillaume, à l’occasion des Assises de l’agriculture biologique, le 27 novembre à Paris. Le ministre a également souligné « l’augmentation de création de valeur pour l’ensemble des acteurs » permise par le bio, tout en rappelant son souhait de ne pas opposer les modèles agricoles.
De lourds retards de paiement
Se félicitant de la ré-homologation du cuivre au niveau européen, Didier Guillaume a plaidé en faveur d’une « réorientation de la Pac pour une plus grande prise en compte du bio ». Une posture pro-bio quelque peu entachée par l’annonce du non-paiement des aides bios : « L’État et l’Agence de services et de paiements (ASP) ont failli. Les aides de l’année 2016 ne seront pas versées avant la fin de l’année comme cela avait été annoncé. Ça ne peut pas continuer comme ça, il faut régler cette défaillance », s’est excusé le ministre.
Les PAT, porteurs du bio sur les territoires
Avec les objectifs fixés par la loi Égalim d’intégrer 20 % de bio dans les cantines et d’atteindre 15 % des surfaces agricoles en bio fin 2022, les interventions ont fait la part belle aux projets alimentaires territoriaux (PAT). Ils sont présentés comme un levier essentiel à l’intégration du bio dans les territoires. « Nous avons commencé par mettre en place une politique agricole, pour faire comprendre aux élus l’importance du rôle de l’agriculture sur le territoire », explique Jean-Luc Hallé, vice-président politique agricole à la communauté d’agglomération du Douaisis. Une zone, où 84 % des habitants résident en ville, qui a mis en place le premier PAT des Hauts-de-France, labellisé en 2017. « Les communautés d’agglomération n’ont pas en charge l’alimentation et la santé, mais nous agissons sur ces domaines à travers l’angle social ou de la gestion de l’eau par exemple », détaille Jean-Luc Hallé.
Même son de cloche du côté de Metz Métropole. Engagée depuis 2010 dans le développement d’une agriculture périurbaine, la métropole s’est orientée depuis un an vers la mise en place d’un PAT. « Cela nous a semblé le bon outil pour aller plus loin, afin de répondre aux demandes de la société et aux obligations en restauration hors domicile, inscrites dans la loi », résume Michel Torloting, conseiller délégué au développement de l’agriculture périurbaine à Metz Métropole.
Un modèle encore à structurer
Face à l’effervescence d’initiatives entourant le monde du bio, le défi est désormais celui de la structuration du secteur. « Le bio est sur une ligne de crête », résume Florent Gühl, président de l’Agence bio. « Il y a de plus en plus d’acteurs et de plateformes sur internet, c’est un peu effrayant de voir tout ce monde issu des domaines du marketing ou de la communication. Est-ce cette vision du bio ou celle des territoires qui va prendre le dessus ? », interroge Ludovic Méasson-Damery, maraicher et créateur de Croq’ Champs, une équipe de paysans cuisiniers proposant des plats cuisinés pour la restauration d’entreprise.