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Bientôt une journée nationale de l'agriculture !

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Non à l’agribashing, oui à l’agriacting ! Convaincre et montrer que les choses bougent en agriculture ; opter pour une posture constructive, loin des stéréotypes. En conclusion du colloque organisé le 6 juin par le Forum des Agriculteurs responsables respectueux de l’environnement (Farre) sur le thème « L’agriculture une cause nationale », Luc Smessaert, président de l’association et d'#agridemain, veut aller plus loin dans la communication avec les consommateurs.

Il a d’ailleurs soutenu, dans les locaux de l’Assemblée, l’idée d’une journée nationale de l’agriculture. Initiative que porte aussi Jean-Baptiste Moreau député LREM de la Creuse, éleveur et rapporteur du projet de loi Égalim, « pour sortir du seul rendez-vous annuel du Salon de l’agriculture. Nourrir les hommes se pratique au quotidien. » Les députés doivent encore se caler avant d’annoncer officiellement une date.

« Arrêter de ranger l’agriculture dans des boites »

Au delà de ce blocage de calendrier pour mieux parler d’agriculture, le besoin de lisibilité se retrouve sur tous les fronts, tant sur les pratiques que sur le cap que doit suivre l’agriculture française. Pour ces deux agriculteurs, le constat est clair. Le président de Farre a insisté sur la dualité des pratiques agricoles : respecter l’environnement et produire, ajoutant qu’il ne s’agit pas « d’une posture de communication et qu’elle se forge au quotidien. » Il a montré les évolutions du métier, entre effort d’écoute et d’innovation : « Décoder en permanence les attentes des concitoyens, repérer là où se trame l’avenir, changer le logiciel de réflexion et d’action en lien avec les mutations technologiques et scientifiques. » Et de rebondir : « Arrêtons de nous ranger dans des boites, dans des modèles qui ne correspondent pas à la réalité : oui à l’agriculture bio, oui à l’agriculture urbaine ! Oui, la permaculture intéresse. Oui, les citoyens veulent manger local… mais ne réduisons pas l’agriculture aux circuits courts, parce que la principale mondialisation de l’alimentation est un fait. »

De son côté, Jean-Baptiste Moreau est largement revenu sur le modèle agricole qu’il soutient, tout en se défendant d’opposer les agricultures : « Nous devons monter en gamme, il faut progresser. Le taux de 50 % de bio, local ou sous signe de qualité à horizon 2022 dans les cantines est un moyen de soutenir cette progression. » Toute la question est de savoir comment réconcilier deux modèles alimentaires : celui de la France qui est prête à payer plus et celui  de celle qui cherche le premier prix. Pour le député Nouvelle gauche, Dominique Potier, il faut d’abord laisser l’initiative aux agriculteurs pour répondre aux attentes des consommateurs :  « Je crois dans la liberté et dans le génie des agriculteurs. Je crois dans la certification Haute valeur environnementale. Je crois dans le potentiel de la combinaison des forces publiques et privées, a-t-il relevé.

L’export en débat

Si la  valeur peut se conquérir sur le marché français, les postures diffèrent pour la place de l’agriculture française à l’export. « Si on reste centré sur une vocation exportatrice de l’agriculture française, avec un blé à 85 euros la tonne, on ne tiendra jamais le coup face aux blés provenant de la Mer noire, précise Jean-Baptiste. Il faut vendre au-dessus des coûts de production et tirer tout le monde vers le haut, tout en défendant à l’export les valeurs de l’agriculture française. » Damien Mathon, délégué général de la Fédération du négoce agricole (FNA), a tenu à rappeler que la France détient toujours une carte à jouer : « Il faudra être au rendez-vous en 2025 pour livrer l’Afrique : le Nigéria sera plus peuplé que les États-Unis. C’est le risque de disparaître des marchés d’exports qui est dommageable ! »

« Les produits français sont vus comme une excellence »

Le mouvement de fond mettant en avant l’approvisionnement local en France pour redonner de la valeur aux produits agricoles est-il inconciliable avec cette opportunité à l’export ? Pas forcément. Serge Layami, vice-président des marchés mondiaux et président de Rungis, estime que la production française a déjà des atouts à l’international : « J’ai le sentiment que nous avons la plus belle agriculture du monde et une profondeur de gamme. » Guillaume Garot, président du Conseil national de l’alimentation, estime également que l’avenir est à la fois dans la qualité et la quantité, pour une alimentation plus juste. Avec une invitation à ne pas relâcher les efforts sur la qualité : « Partout dans le monde, les produits français sont vus comme une excellence, mais les critères d’excellence, cela peut évoluer. » Pour lui, la qualité « c’est celle du goût, celle de la santé et celle de la planète ».