Bio, des serres chauffées pour « compenser les aléas climatiques » et non plus pour « cultiver hors-saison »
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Une « position forte » et de « compromis ». C’est ainsi qu’a défini le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, la position adoptée par le Comité national d’agriculture biologique (Cnab) de l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao), sur les serres chauffées en agriculture biologique, le 11 juillet. « La décision du gouvernement a été validée par le Cnab », a-t-il ainsi expliqué lors d’un point organisé le 11 juillet. L’utilisation de serres chauffées en agriculture biologique étant autorisée dans l’Union européenne, et le gouvernement souhaitant éviter tout phénomène de surtransposition, celle-ci n’a pas été interdite. Elle sera néanmoins désormais encadrée plus strictement.
Interdiction de chauffer avec des énergies fossiles après 2025
La première disposition adoptée concerne le mode de chauffage. Les serres déjà installées pourront continuer d’être chauffées au fioul jusqu’au 1er janvier 2025. Passée cette date, les exploitants auront l’obligation d’avoir recours à des énergies renouvelables. Une mesure qui s’appliquera dès janvier 2020 pour toutes les nouvelles exploitations entrant en conversion. « Les serres chauffées doivent permettre de compenser des aléas climatiques, tels que le gel, et non pas à cultiver des produits hors saison », a ainsi déclaré Didier Guillaume. Une position partagée par le président du Cnab, Olivier Nasles, qui complète : « Les serres chauffées représentent aujourd’hui 50 hectares en agriculture biologique. Nous n’en sommes qu’au début de ce phénomène, c’est pourquoi il est important d’agir maintenant. »
Éviter les distorsions de concurrence
Autre mesure adoptée, l’arrêt de la commercialisation de ces légumes produits en agriculture biologique sous serres chauffées entre le 21 décembre et le 30 avril. « Nous ne pouvons pas défendre à la fois une agriculture biologique de qualité et des aliments produits hors saison. Le bio, ce n’est pas de la contre-saisonnalité », a plaidé le ministre. L’établissement d’un consensus sur ces dates de non-commercialisation a été l’un des points chauds des discussions. C’est finalement la date proposée par le gouvernement, le 30 avril, qui a été retenue. Olivier Nasles espère désormais que « la distribution dans son ensemble jouera le jeu » et évitera de commercialiser des produits bio importés hors-saison. Pour éviter des distorsions de concurrence, Didier Guillaume a quant à lui annoncé vouloir porter cette position à Bruxelles pour aller vers une harmonisation européenne.