Bioéthanol : « Ne pas opposer première et deuxième génération »
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Le bioéthanol de seconde génération ne devrait pas devenir une réalité économique et industrielle à échelle significative avant 2015. Mais pour Pierre-Christophe Duprat, directeur général de la division transformation des céréales de Tereos, il n’y aura pas de rupture entre la génération 1 et la génération 2. « Nous avançons peu à peu, en passant par la génération 1,1 puis 1,2… Les nouvelles unités de distillation améliorent sans cesse le bilan environnemental du bioéthanol. Aujourd’hui, nous avons déjà un rendement énergétique d’un coefficient 2 : deux fois plus d’énergie produite que d’énergie fossile consommée », a-t-il précisé le 25 septembre, au cours d’une journée portes ouvertes de l’usine de bioéthanol de blé de Lillebonne (Seine-Maritime). Et Jérôme Verrié, directeur de cette usine, de parler d’innovation permanente : « notre laboratoire travaille sans cesse sur la diversification des matières premières (blé fourrager, orge, maïs, triticale, etc.), avec la quête d’enzymes toujours plus efficaces. Nous avons aujourd’hui une bien meilleure productivité avec un blé fourrager que nous n’en avions autrefois avec un blé meunier. » En Europe, la France arrive en tête en termes de production de bioéthanol. Les arguments avancés par la filière en faveur de ce biocarburant sont nombreux. Parmi eux, la diminution de 60 % des émissions de CO2 par rapport à l’essence, et la réduction des émissions de polluants locaux (au niveau du pot d’échappement) : gain de 60 % en matière d’oxydes d’azote et de 50 % pour le monoxyde de carbone. Enfin, le bioéthanol ne viendrait pas concurrencer l’alimentation puisque 3 % des surfaces cultivées en betteraves et céréales suffiraient pour arriver à l’objectif de 7 % d’incorporation en France en 2010. Avec de plus un retour à l’alimentation animale grâce à la production de drèches à haute teneur en protéines : ces coproduits permettraient de se substituer à 95 000 ha du blé destiné à l’alimentation animale, soit l’équivalent de 35 % des surfaces consacrées à la production de bioéthanol. Le bioéthanol a le vent en poupe Le contexte politique et économique est actuellement favorable au bioéthanol, et ce biocarburant a le vent en poupe. Sa consommation mondiale se développe avec la quasi-généralisation des véhicules flex fuel au Brésil, avec le cadre réglementaire « Renewable fuel standard » aux Etats-Unis et avec la directive européenne « Energie-Climat » qui détermine un objectif d’incorporation de 10 % d’énergie renouvelable dans les carburants en 2020 dans l’Union européenne. La France, quant à elle, a prouvé son soutien au bioéthanol avec notamment son objectif d’incorporation dans l’essence de 10 % en 2015, et avec la mise en place du SP95-E10 en avril dernier, prenant ainsi de l’avance sur les objectifs fixés par Bruxelles. Ce carburant, qui contient 10 % de bioéthanol, devrait être proposé par 70 % des stations essence à fin 2009.