Blocage des raffineries : la FNSEA attend des engagements de Stéphane Travert pour la montée en gamme de l'agriculture
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« Les agriculteurs sont prêts à jouer le jeu de la montée en gamme, en qualité et en respect de l’environnement. Ce n’est pas possible si la concurrence avec les produits importés est distordue. Le ministre l’a reconnu. » Christiane Lambert n’est ressortie que partiellement satisfaite de son entretien avec Stéphane Travert, le 12 juin au soir. Assez toutefois pour que la FNSEA et les JA annoncent une levée progressive du blocus autour des raffineries dans la journée du 13 juin.
Les traités commerciaux pointés du doigt
Le ministre se serait dit prêt à ce que la France se positionne avec plus de fermeté pour une Europe plus exigeante quant aux traités commerciaux pointés du doigt par les agriculteurs, avec le Canada, le Mercosur et la Nouvelle-Zélande. Niveau européen toujours, la France devrait être proactive sur la question de l'étiquetage d’origine, et demander à ce que l’expérimentation en cours actuellement sur les produits à base de lait ou de viande soit prolongée après 2018 et élargie à d’autres produits.
Chasser les surtranspositions réglementaires françaises
À l’échelle française, le Comité de rénovation des normes agricoles (Corena) doit se réunir le 13 juillet. « Le premier ministre doit écrire sans délai une lettre de mission dans ce sens, explique Christiane Lambert. Ce comité doit lister les surtranspositions françaises de règlements européens, évaluer leur impact sur notre compétitivité, et le cas échéant les rejeter. » Le Corena ne s’était pas réuni depuis l’élection d’Emmanuel Macron. En jeu notamment, la législation sur les surfaces d’intérêt écologique dans le cadre de la Politique agricole commune (Pac).
Face au « grand flou » du grand investissement pour l’agriculture, les syndicats ont obtenu une « plus grande lisibilité » sur les montants fléchés vers les agriculteurs, via des subventions, des fonds de garantie et des fonds de prêts pour la méthanisation. Aucun chiffre n’a été évoqué, toutefois.
Haro sur l’huile de palme, en France et en Europe
Et l’huile de palme ? C’est l’autorisation donnée à Total d’en importer 300 000 tonnes pour l’usine de La Mède (13) qui avait provoqué le début de la grogne. La FNSEA a demandé à Stéphane Travert d’imposer au groupe pétrolier un pressing plus important, pour qu’il ait recours à plus de colza français, « et cela, au tarif « EGA », prenant en compte les coûts de production ! »
Au niveau européen, la France va peser sur la révision de la directive RED II pour que les niveaux d’importations d’huile de palme soient progressivement réduits. Sébastien Lecornu, secrétaire d’État rattaché au ministère de la Transition écologique, présent lors d’une partie de la discussion, s’y est engagé.
« L’action des blocus des raffineries peut reprendre », avertissent toutefois les syndicats. Ils restent vigilants dans l’attente d’engagements écrits du ministre. Rien n’est donc formalisé à cette heure.