Bois et méthanisation : une place à prendre dans la transition énergétique
Le | Politique
Les salons bois énergie et Biogaz Europe se sont tenus pour la première fois simultanément, à Nantes du 20 au 22 mars. L’une des raisons de ce rapprochement : les points communs dans l’approvisionnement, via notamment l’agriculture, mais également dans la valorisation de l’énergie. Parfait pour faire converger sur un même lieu les agriculteurs, collectivités et industriels. Un salon qui prend date en plein débat sur la transition énergétique. « La place de ces deux filières sera archi majeure », a assuré Joëlle Kergreis, directrice adjointe de la direction des programmes à l’Ademe, lors d’un colloque « quelle place pour le biogaz et le bois-énergie dans la transition énergétique ? », le 21 mars. Méthanisation, multipliée par quinze Selon la vision stratégique de l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, pour 2030 et 2050, la biomasse pèsera pour moitié de l’effort en énergies renouvelables dont un quart proviendra de la filière bois-énergie et un quart de celle de la méthanisation. « Il faudra multiplier par deux l’énergie produite par combustion et par quinze celle par la méthanisation », ajoute Joëlle Kergreis. Cette vision n’est-elle pas utopique ? « Nous ne le pensons pas, poursuit-elle. Elle répond à l’objectif de la stratégie européenne pour 2020, à celui sur le facteur 4 sur la baisse des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 en Europe, et aux plans climat-énergie territoriaux. Il va donc falloir tout optimiser et mobiliser les acteurs sur les territoires. » Les trois quarts de la méthanisation seront produits à partir de la filière agricole, selon l’Agence. Si la majorité des matières premières viendra des effluents, cela ne saurait suffire. Selon le scénario Négawatt, porté par Solagro, il faudra faire appel à des cultures intermédiaires à vocation énergétiques, des résidus de cultures, des fauches d’herbes de prairies, ou encore de la biomasse ligneuse. « L’idée n’est pas d’atteindre ces objectifs en important du bois ou en utilisant des cultures alimentaires », insiste toutefois Joëlle Kergreis. Quid des subventions ? Pour l’heure, la filière bois est soutenue par le fonds chaleurs. Une enveloppe d’un milliard d’euros a été utilisée de 2009 à 2013. « Il n’y a aucune annonce d’abandon du dispositif, même si nous ne connaissons pas le montant de la prochaine enveloppe », poursuit-elle. Le plan biogaz attendu dans les prochains jours Pour la filière méthanisation, les professionnels attendent l’annonce du plan biogaz et azote du ministre de l’Agriculture, prévu dans les prochains jours. « Les tarifs à eux seuls ne suffisent pas, insiste Joëlle Kergreis. Nous voulons des moyens. » Pour l’heure, la filière ne bénéficie pas d’aide spécifique du gouvernement. Le fonds déchets est alors parfois sollicité. Et l’Ademe a consacré, en 2012, 40 M€ pour la méthanisation, dont les trois quarts ont été utilisés dans le grand Ouest. Pour 2013, le budget s’élève à de 35 M€. « Ce qui permet de financer 15 % environ du montant de l’investissement des installations », poursuit-elle. L’engouement sur les projets de méthanisation est palpable : en 2012, l’Ademe a aidé à la création de 98 projets, sur un total de 238 depuis 2007.