Brexit, « a very sad day »
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Un peu la gueule de bois… Professionnels, politiques et financiers ne s'attendaient pas, ou en tout cas ne voulaient pas croire, en une victoire du non à l'Europe de la part des Britanniques. C'est pourtant chose faite. Les conséquences restent difficiles à mesurer pour cette Europe reconfigurée à 27. Le Copa-Cogeca, qui représente les intérêts des agriculteurs et coopératives au niveau européen résume l'état d'esprit ambiant : « a very sad day… ». Analyse des principaux impacts de ce recul historique de l'UE.
Selon une étude (1) réalisée par le centre de recherche de l'université de Wageningen à la commande du NFU, le syndicat national des agriculteurs d'Angleterre et du Pays de Galles, « la viabilité d'une part importante des exploitations agricoles (de 15 à 25 % selon le scénario) sera négativement affectée par ce changement de politique ». Ils seront en tout cas directement dépendants des décisions de leur gouvernement pour le niveau d'aides.
En France : moins d'aides mais davantage d'influence ?
Actuellement contributeur net, le Royaume Uni ne participera plus au budget européen, en principe à partir de 2020. Les pays membres de l'UE devront alors compenser le manque… ou le répartir via une baisse des aides touchées par les agriculteurs. Quant aux échanges avec l'Europe - plus de la moitié des exportations de produits alimentaires du Royaume-Uni -, ils seront dépendants de la négociation des droits de douanes. Le Royaume-Uni ne bénéficiera plus des avantages du marché unique de l'UE, et devra renégocier des accords avec ses partenaires commerciaux. 14 % des exportations françaises sont à destination du Royaume-Uni, essentiellement du vin, des produits laitiers et des produits issus des céréales.
L'absence de la voix du Royaume-Uni dans les prises de décisions européennes jouera sans nul doute sur les futures négociations de la PAC. Libéral, le pays prenait position en défaveur des outils de régulation. Le Brexit donne donc plus d'importance aux positions généralement exprimées par la France.
Affranchissement des directives environnementales européennes
Hors de l'UE, le Royaume-Uni s'affranchit des directives européennes en matière d'environnement. Mais l'UE reste le premier partenaire commercial du Royaume-Uni : les produits anglais exportés vers les pays de l'union devront respecter les normes sanitaires européennes, ce qui rend peu probable l'abaissement des normes.
Donald Tusk, président du conseil européen, réagit à la nouvelle en affirmant sa détermination à « maintenir [l'unité de l'UE] à vingt-sept ». Pour la FNSEA, c'est l'occasion de « consolider le projet européen autour d'une vision de long terme » et de considérer le secteur agricole comme « un enjeu géostratégique européen ».
(1) « Implications d'une sortie du Royaume-Uni de l'UE pour l'agriculture britannique »