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Bruxelles et la France lancent un plan de lutte contre l’antibiorésistance

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Annoncé par Bruno Le Maire début 2011, le « plan national de réduction des risques d’antibiorésistance en médecine vétérinaire » a été dévoilé le 17 novembre, le même jour que celui de la Commission européenne sur les antimicrobiens. Ce « plan exigeant, ambitieux, de nature à faire bouger considérablement les lignes » est une véritable « feuille de route » qui permettra dérouler et de suivre chaque action», a indiqué le 18 novembre Pascal Briand, directrice générale de l’alimentation (DGAL), à l’occasion de la journée européenne de lutte contre l’antibiorésistance. Son objectif est clair : « réduire de 25 % l’usage des antibiotiques en santé animale en cinq ans », en phase avec les résolutions et recommandations de la Commission et du Parlement européens. Une réduction qui implique la responsabilité de « tous les acteurs de l’élevage ainsi que des pouvoirs publics ». Ce plan comprend 40 mesures réparties en cinq axes (voir encadré). Chaque mesure sera déclinée en une fiche action qui détaillera les étapes à mettre en œuvre et le calendrier. Certaines des mesures passeront par un arrêtés. D’autres feront l’objet d’une étude d’impact et d’une évaluation scientifique avant leur mise en œuvre et pourront alors évoluer, en fonction des conclusions de travaux confiés à l’Anses jusqu’en 2013. UE : douze actions contre les antimicrobiens Ce plan national s’inscrit dans la droite ligne des ambitions de la Commission européenne. « On doit agir avec rapidité et détermination si l’on veut éviter de perdre des médicaments antimicrobiens », a insisté John Dalli, Commissaire européen à la santé le 17 novembre, à l’occasion de la présentation du plan de lutte contre la résistance aux antimicrobiens en élevage et en santé humaine. Un plan qui prévoit douze actions pour les cinq prochaines années, dans un contexte de modification de la législation en santé animale prévue en 2013. Le plan annoncé insiste sur un meilleur usage des médicaments vétérinaires, soutient la mise au point de nouveaux vaccins, et compte renforcer la recherche. « On doit impérativement mettre au point la prochaine génération d’antibiotiques si l’on souhaite conserver une longueur d’avance sur les bactéries et autres agents pathogènes résistant aux médicaments », a insisté Máire Geoghegan Quinn, commissaire européenne à la recherche et à l’innovation. Gare au sous-dosage Concrètement, Bruxelles va renforcer la législation ainsi que les systèmes de surveillance de la résistance aux antimicrobiens et mieux informer le grand public. Dans son rapport, l’instance européenne met notamment en garde contre le sous-dosage, l’usage trop important dans les élevages des céphalosporines de 3ème et 4ème générations car ils sont majeurs pour l’homme, et sur la propagation des Sarm (staphylococcus aureus résistant à la méticilline) dans les élevages porcins, pouvant se transmettre à l’homme. Dans le cadre du réexamen législatif en matière de santé animale de 2013, l’UE devrait demander aux fabricants d’apposer sur les étiquettes les avertissements et conseils appropriés, restreindre certains usages antimicrobiens et modifier les règles d’autorisation. Par ailleurs, une analyse du rapport coût/avantage sur la lutte contre les salmonelles chez les porcins, deuxième cause de salmonellose chez l’homme est en cours La lutte contre la résistance aux antibiotiques en élevage est corrélée avec celle chez l’homme. Au niveau national, le 18 novembre, le plan de maîtrise des antibiotiques en médecine humaine était présenté par le ministère de la Santé. Dans l’UE, 25 000 patients meurent chaque année des suites d’infections provoquées par des bactéries résistantes aux médicaments. Stéphanie Ayrault et Mahaut Launay

  • Les cinq axes du plan national de lutte contre l’antibiorésistance en médecine vétérinaire
- axe 1 : promouvoir les bonnes pratiques et sensibiliser les acteurs aux risques liés à l’antibiorésistance et à la nécessité de préserver l’efficacité des antibiotiques - axe 2 : développer les alternatives permettant d’éviter les recours aux antibiotiques - axe 3 : renforcer l’encadrement et réduire les pratiques à risque - axe 4 : conforter le dispositif de suivi de la consommation des antibiotiques, et de l’antibiorésistance - axe 5 : promouvoir les approches européennes et les initiatives internationales