Bruxelles précise les critères de durabilité des biocarburants
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La Commission européenne a présenté, jeudi 10 juin, ses lignes directrices sur la durabilité des biocarburants. Selon Bruxelles, pour être considérés comme « durables », les biocarburants devront être 35 % moins polluants que des carburants classiques. Ce chiffre devra passer à 50 % en 2017, puis 60 % en 2018 pour les biocarburants produits par de nouvelles installations. De plus, les biocarburants ne devraient pas être produits à partir de matières premières extraites de forêts tropicales ou de zones récemment déboisées. Cette condition a pour but de mettre fin au vaste mouvement de déboisement qui a lieu en Amérique du Sud et en Malaisie, afin d’implanter d’immenses étendues de palmiers sachant que l’huile de palme représente entre 4 et 5 % des biocarburants utilisés en Europe. Pour faire respecter ces critères de durabilité, la Commission va créer un imposant régime de certification. S’ils ne respectent pas ces critères, les biocarburants ne pourront pas être comptabilisés dans les objectifs fixés par la directive « énergies renouvelables » qui entrera en vigueur en décembre. Selon ce texte, les biocarburants issus des cultures agricoles devront composer obligatoirement 10 % de la consommation totale de carburants des Européens d’ici 2020. Par ailleurs, le commissaire à l’Energie Günther Oettinger n’a pas exclu de faire augmenter, à l’avenir, la part d’énergie renouvelable dans les transports. « Je crois que l’objectif de 10 % doit augmenter », a-t-il estimé affirmant qu’une éventuelle hausse serait basée sur l’évaluation de l’utilisation des biocarburants. Il a en outre précisé qu’un logo pourrait être apposé dans les stations-services commercialisant des biocarburants jugés suffisamment « verts » par la Commission pour être comptabilisés dans l’objectif de 10 %. Réactions Le Bureau européen des biocarburants salue les « clarifications » apportées par la Commission européenne. « Les critères de soutenabilité doivent s’appliquer à tous les types de carburants, sans négliger les énormes frais externes liés à l’utilisation des carburants fossiles, son transport et son extraction », selon son secrétaire général, Rafaello Garofalo. En France, la Collective du bioéthanol se dit convaincue que le système européen de certification des biocarburants est le plus efficace et le plus durable au monde. Elle ajoute que la filière française du bioéthanol respecte d’ores et déjà les critères européens de durabilité. Greenpeace salue les mesures européennes pour interdire la prise en compte de l’huile de palme provenant de terrains ayant récemment subi la déforestation. En revanche l’association réclame que les émissions indirectes des biocarburants soient prises en compte. L’eurodéputé français Yannick Jadot (Europe écologie) déplore le fait que la Commission n’a pas tenu la promesse faite aux parlementaires européens en 2008 : faire des propositions pour éviter que la consommation européenne de biocarburants de première génération ne conduise au changement indirect d’affectation des sols.