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Cinq questions pour mieux comprendre l’enjeu des États généraux de l’alimentation

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Promesse de campagne d'Emmanuel Macron, les États  généraux de l'Alimentation devraient débuter mi-juillet. L'objectif annoncé est clair : que chaque maillon de la chaine alimentaire, et particulièrement les agriculteurs, puissent vivre de leur métier, via une juste rémunération de leurs productions. Tous les acteurs de la filière prendront part au débat, des producteurs jusqu'aux consommateurs. Tour à tour, ils sont, ou seront, reçus par le ministre de l'Agriculture.


Dans quel but ?

Les États généraux, sur le même principe que le Grenelle de l'Environnement, visent à regrouper autour d'une table tous les maillons de la chaine alimentaire en France et redonner « un nouvel horizon agricole et alimentaire », évoquait Nicolas Hulot lors d'une interview sur BFM TV. Deux chantiers devraient le structurer. Le premier concerne la création et la répartition de valeur sur chaque étape de production des aliments. Le second se focalise sur la qualité, et particulièrement la montée en gamme des produits, l'évolution des attentes des consommateurs, les modes de production.


Qui est concerné ?

Les États  généraux de l'alimentation sont nés d'une proposition de Nicolas Hulot au travers de sa fondation. L'idée a été reprise par Emmanuel Macron lors de sa campagne présidentielle, en en faisant une mesure prioritaire de son quinquennat. Bien qu'ils aient été initiés par l'actuel ministre de la Transition écologique et Solidaire, leur pilotage revient au ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert. Toutefois, au regard de la transversalité des thèmes abordés, d'autres ministres devraient se joindre à la démarche, comme ceux en charge de la santé, de l'environnement ou de l'économie.


Sous quelle forme ?

Les deux chantiers, la création et la répartition de valeur ainsi que celui de la qualité, seront déclinés en « une dizaine d'ateliers regroupant chacun une trentaine de participants représentant les acteurs concernés », informe Christiane Lambert, présidente de la FNSEA en marge d'une table ronde organisée le 29 juin par le Think Tank Agroalimentaire. Une consultation publique via internet devrait aussi voir le jour et des ateliers devraient se tenir dans toute la France.


Quel calendrier ?

Depuis une semaine, le ministre de l'Agriculture reçoit toutes les parties prenantes de ces États  généraux afin de préparer l'évènement : syndicats agricoles, représentants de la grande distribution, associations de consommateurs. Stéphane Travert a indiqué qu'il proposerait au Président de la République les 10 et 11 juillet pour marquer le début de cet événement. Les rencontres devraient donc se tenir durant tout l'été. Le gouvernement souhaite que dès l'automne, des mesures soient proposées.

Quelles attentes du secteur agricole ?

Tour à tour, les acteurs du monde agricole ont, ces derniers jours, rencontré le ministre de l'Agriculture pour lui faire part de leurs attentes à la veille de l'organisation de ces États généraux.

Ainsi, Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, s'est entretenue avec lui le 27 juin. « Nous devons reconsidérer les relations commerciales et retrouver de la confiance, a-t-elle expliqué. Le ministre a posé les jalons qui nous satisfont mais les objectifs de départ concernant la répartition de la valeur et la juste rémunération ne doivent pas être dilués dans d'autres problématiques liés aux modes de production ou aux attentes consommateur. »

Le lendemain, le 28 juin, c'était au tour de Michel Prugue, président de Coop de France, d'aborder le sujet avec le ministre. « Si l'on veut donner aux agriculteurs la maîtrise de leur destin, le monde agricole doit pleinement revendiquer son rôle d'acteur économique et en tirer toutes les conséquences en termes d'ambition, d'organisation et d'adaptation à l'évolution des marchés alimentaires. Sans cela, nous irons vers une agriculture intégrée par l'industrie ou la distribution. Ce n'est pas ce que nous voulons ! ».

Enfin, selon Thierry Blandinières, DG d'InViVo, rencontré en marge de la table ronde du Think tank agroalimentaire organisé le 29 juin, « un état des lieux doit être réalisé en premier lieu. Devra suivre un benchmark des prix de revient à toutes les étapes de la production en France, pour les comparer aux autres pays européens. Ensuite seulement nous pourrons proposer des mesures. »