Claude Cochonneau, président de l’APCA - « Séparation conseil/vente : à l’usage, le bon sens doit reprendre le dessus »
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Les Chambres d’agriculture, dont le cœur de métier est le conseil aux agriculteurs, s’affichent comme des acteurs clés de la mise en place future de la séparation du conseil et de la vente des produits phytosanitaires. Interrogé par Référence-Appro, Claude Cochonneau, le président des Chambres d’Agriculture, explique que « l’évolution de cette ordonnance va dans le bon sens ». Mais elle doit encore, selon lui, « gagner en souplesse ». Explications.
Référence-Appro : Que pensez-vous de l’ordonnance mise en consultation le 1er février ?
Claude Cochonneau : Le contenu de ce texte est aujourd’hui moins contraignant pour les agriculteurs que la version initiale, et me semble plus facilement applicable par ceux qui seront en charge du conseil. Au sein de l’APCA, nous avons toujours milité pour regarder l’exploitation agricole dans son ensemble : l’évolution du conseil lié aux traitements phytosanitaires va dans ce sens en se basant sur un conseil global. L’ordonnance est sur la bonne voie… Mais nous demandons encore un peu plus de souplesse.
R.A. : Un peu plus de souplesse ? Sur quels points ?
C.C. : Nous souhaitons un conseil stratégique tous les 3 à 5 ans, pour coller au mieux au rythme des rotations. L’idée est de faire le point pour un assolement complet, de programmer les interventions sur la durée. Là, la proposition, de 2 conseils tous les 5 ans, est un peu trop fréquente à notre goût. Nous ne désespérons pas qu’à l’usage, le bon sens reprenne le dessus. Pour être appliquée, la loi doit être synonyme de bon sens.
R.A. : Le conseil va donc revenir, en partie, aux Chambres d’agriculture ? Des recrutements sont-ils d’ores et déjà programmés ?
C.C. : Nous ne prétendons pas à l’exclusivité du conseil mais il est vrai que cette mission reste au cœur de notre métier. Le code rural le précise : nous sommes au service de tous les agriculteurs. Mais il est encore trop tôt pour recruter. Nous avons demandé à quelques départements pilotes de chiffrer le coût moyen de cette opération. Nous devons calibrer les besoins avant d’embaucher. Cela se fera progressivement car d’après ce qu’explique l’ordonnance, le conseil stratégique ne deviendra obligatoire qu’au moment du renouvellement du Certiphyto des agriculteurs. Celui-ci étant délivré pour 5 ans, le conseil obligatoire sera mis en place au fur et à mesure dans les exploitations. Ce qui, au final, me semble assez pragmatique.
R.A. : Allez-vous donner des « consignes » pour que les salariés des Chambres et les agriculteurs participent à la consultation publique ?
C.C. : Non, pas de consigne particulière. Les conseillers des Chambres connaissent bien le sujet. Les agriculteurs demandent un conseil plus global. À eux de proposer de nouvelles pistes d’évolution s’ils le jugent nécessaires. De notre côté, nous allons insister pour que l’ordonnance gagne encore en souplesse.