Climate Chance : l'agriculture, les filières aval et les territoires
Le | Politique
La coalition internationale agriculture qui s’est réunie lors de Climate Chance, à Nantes du 26 au 28 septembre 2016, partait de zéro, contrairement aux autres groupes de travail. Le sommet de Lyon, un an auparavant, n’ayant abouti à aucune décision. « L’agriculture est probablement le sujet le plus complexe, où les débats sont vifs entre les acteurs dès que l’on parle du climat », reconnait Ronan Dantec, sénateur de Loire-Atlantique et porte-parole pour le climat du réseau Cités et gouvernements locaux réunis, CGLU.
Préserver les sols
Le compte-rendu de Climate Chance, le sommet mondial des acteurs non-étatiques, englobe cette fois-ci l’agriculture, en ces termes : « Les acteurs de l’agriculture se sont eux réunis en Forum pour défendre une stratégie de régénération des sols, et proposent de s’appuyer sur le rôle transformateur de la restauration collective, en particulier les cantines scolaires, qui font également œuvre de pédagogie sur le changement des modes de consommation alimentaire. »
En effet, deux leviers majeurs sont ressortis des débats : la place du consommateur et des filières aval, ainsi que l’échelle territoriale.
Le consommateur est un acteur agricole
Sans le consommateur, il sera difficile de changer les modes de culture, insistent les participants. « Manger est un acte agricole », ont rappelé les participants. Ils ont reconnu qu’il ne pouvait y avoir d'agriculture climato-résiliente sans un changement de consommation, voire même sans une ville durable. Il s’agit de définir un nouveau modèle alimentaire territorial qui développe le lien entre l’agriculteur et le citoyen. « Il faut que nous allions vers une alimentation territoriale qui mettra en avant l’agro-écologie », explique Giuseppe Mastruzzo, de l’association Eating city. La lutte contre le gaspillage alimentaire a également été mise en avant. « Si c’était un pays, ce serait le troisième émetteur de gaz à effet de serre », précise Jean Vettraino, chargé de plaidoyer au Secours catholique.
Les pratiques sont connues
Sur les pratiques, les participants sont partis de l’exemple de l’agriculture biologique. « Elle cible la recherche de l’autonomie dans les exploitations », indique Stéphanie Pageot, présidente de la Fnab. Toutefois, vis-à-vis du climat, la structure reconnait qu’il y a des efforts à poursuivre, notamment sur le travail du sol. « La technique nécessite l’utilisation de produits chimiques de synthèse qui nous posent problème. Il faut avancer sur ce thème », poursuit la présidente. « Par ailleurs, nous allons probablement demander à l’Institut national de la recherche agronomique, Inra, une étude sur l’impact de l’agriculture bio sur le climat », ajoute Stéphanie Pageot.
Tous les agriculteurs doivent changer leurs itinéraires, précise Vincent Damiron, en charge des questions du sol et du climat au ministère de l’Agriculture. « Les prairies sont un enjeu important en matière de stockage de carbone, mais également de biodiversité, de qualité des produits, d’autonomie des exploitations. Les légumineuses aussi pour baisser les fertilisants de synthèse… En somme, les outils, on les connait, il faut maintenant mettre tout cela en en œuvre. »