« Construire une Pac à un moment où la connaissance a avancé est une chance », Christian Huyghes, Inrae
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Pour Christian Huyghes, directeur scientifique agriculture à l’Institut national de la recherche agronomique et de l’environnement, Inrae, le Green deal avec sa stratégie Farm to fork, ainsi que la réforme de la Politique agricole commune sont une opportunité. Il met en avant l’importance de la connaissance scientifique pour faire cohabiter des enjeux complexes.
« Tout le monde réagit en disant qu’il n’a pas trouvé ce qu’il voulait dans les propositions de la Commission européenne, mais le Green deal et la réforme de la Pac sont des opportunités majeures », insiste Christian Huyghes, directeur scientifique agriculture à l’institut national de la recherche agronomique et de l’environnement, Inrae. Il s’exprimait lors de la conférence sur l’agriculture et l’alimentation dans la relance post-Covid-19, organisée par l’Association des journalistes pour l’environnement (AJE) et l’European climate fondation le 11 juin.
Des aides sur les « biens communs »
Pour le chercheur, les soutiens publiques européens doivent être centrés sur les biens communs, tels que le climat, la biodiversité, la qualité de l’air et de l’eau. « Le marché s’occupe déjà des biens privés, argumente-t-il. Les aides doivent être dirigées sur la diversité des cultures ou encore la couverture permanente des sols. Des réflexions doivent aussi être engagées sur les apports des paysages agricoles. Nous avons de la chance de construire une nouvelle Politique agricole commune à un moment où la connaissance scientifique a bien avancé. Le Green deal rassemble les enjeux de sécurité sanitaire, de baisse des émissions de gaz à effet de serre ou encore de préservation de la biodiversité : nous avons déjà vu la complexité à faire coïncider ces sujets ! »
Vision de la Commission européenne
Christian Huyghes estime que le Green deal donne enfin une vision claire de ce que veut la Commission européenne. « Si nous ne faisons rien pour le changement climatique, nous allons dans le mur, poursuit-il. L’agriculture est l’occupant principal des territoires : elle doit s’emparer des thématiques liées à la biodiversité et au climat. »
Une vraie stratégie de baisse des pesticides
La stratégie Farm to fork est bâtie autour de la sécurité alimentaire en prenant en compte la qualité de l’air et de l’eau. « Elle demande de réduire l’usage des produits phytosanitaires de moitié, et sans le « si possible » du plan Écophyto français, ironise-t-il. Farm to fork donne un cap sur les enjeux de sécurité sanitaire en intégrant le fait que la consommation alimentaire va évoluer, et en garantissant une absence de pression sur le milieu. »