COP21 - L’agriculture présentée comme porteuse de solutions
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Souvent montrée du doigt pour ses impacts négatifs sur le climat, l’agriculture a les moyens de réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Mieux encore, elle est avec la forêt le seul secteur à pouvoir stocker le carbone dans le sol. Ce sont ces messages qu’a voulu porter le ministère de l’Agriculture lors de la conférence organisée le 2 décembre à l’espace Génération Climat du Bourget, dans le cadre de la COP21. Le discours porté par Stéphane Le Foll au sujet du programme « 4 pour 1000 » s’applique plus largement à la transition que doit engager l’agriculture française. « Nous aurons besoin de scientifiques, de politiques publiques et surtout de l’engagement des agriculteurs pour porter ce projet et obtenir des résultats », insiste le ministre. Agro-écologie et agroforesterie : des leviers à activer Le constat est sans appel : « 95 % des sols travaillés en France perdent de la matière organique », témoigne Alain Canet, président de l’Association française d’agroforesterie (Afaf). « Aujourd’hui, nous savons faire une agriculture qui protège l’environnement et qui produit », affirme-t-il. L’agroforesterie propose un rendement en blé équivalent à la culture seule. La différence porte sur le stockage de carbone : une tonne de CO2 supplémentaire est stockée par an et par hectare. « Le tout est de bien connaître le milieu », complète Alain Canet. De son côté Sarah Singla, agricultrice et vice-présidente de l’Association pour la promotion d’une agriculture durable (Apad), souligne le bénéfice obtenu sur les sols lorsqu’ils sont en permanence couverts et que les cultures sont implantées directement, sans retournement de la terre. « On ne parle pas d’agriculture de conservation mais bien de régénération », a-t-elle relevé. Engager toute la filière Convaincu par les atouts environnementaux de ces pratiques, Olivier Dauger, chargé des questions climat et énergie à la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), soulève toutefois la question des débouchés. De nouvelles pratiques impliquent de nouveaux produits. « Savons-nous comment valoriser ces produits ? », questionne-t-il. L’engagement de l’ensemble de la filière est nécessaire pour généraliser le changement de pratique. Des coopératives s’impliquent d’ores et déjà, à l’image de la Dauphinoise (38) et de Terrena (44) qui ont témoigné lors d’une table ronde. Pour encourager les entreprises dans cette voie, la certification pour promouvoir la démarche bas carbone est une solution. « Le dispositif de certification réglementaire à l’échelle européenne est toujours en discussion », constate Julia Grimaud, de l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE). L’institut a donc pris les devants. Au sein d’un programme de recherche-action, il centralise les méthodes de calcul de réduction des émissions des gaz à effet de serre déjà existantes pour créer un cadre national sur la certification carbone.