La France n’est pas la seule à s’attaquer au bilan carbone de la production de viande. Pendant que Beef Carbon (projet également porté par l’Irlande, l’Espagne, l’Italie) recevait les labels COP21 et LPAA (Plan d’actions Paris-Lima), une table ronde organisée par l’Office international de la viande (OIV) mettait en évidence les efforts d’autres pays, le 2 décembre à Paris.
- Brésil : produire sans déforestation
Exportant 20 % de sa production, le Brésil cherche à répondre à la hausse de la demande mondiale en limitant les impacts de ce secteur, et spécifiquement sur la
déforestation. « L’objectif est de réduire cette déforestation de 80 % pour 2020, nous en sommes aujourd’hui à 74 % », se félicite Frenando Sampaio, directeur exécutif des Exportateurs de viande brésilienne. Les gains de productivité en élevage permettent de limiter l’extension des
pâturages, à production égale. Les plus grands abattoirs ont une politique d’achat de viandes « propres » très poussées.
- Nouvelle-Zélande : -14 % d’émissions, +15 % de production
En Nouvelle-Zélande, le gouvernement s’implique dans la limitation des émissions de l’élevage, un secteur capital dans ce pays qui compte six moutons par habitant en moyenne. Des outils de suivi sont déployés pour détecter les marges de progrès à l’échelle du troupeau. Entre 1990 et 2008, les émissions de
GES bovines et ovines ont été réduites de 14 %, soit 3,12 MteqC économisées par an. Alors que la production de viande connaissait une progression de 15 %.
- Royaume-Uni, en avance sur les objectifs du secteur porcin
Au Royaume-Uni, une feuille de route du développement durable du secteur porcin a vu le jour en 2011, validant l’engagement de la filière pour réduire ses émissions tout en suivant des normes élevées de
bien-être animal. Dès 2014, les résultats montraient que l’objectif initial à l’horizon 2020 (- 17 %) était déjà dépassé (- 26 %). Les élevages bovins ont également réduit la quantité de CO
2 par kilogramme de viande produit, de respectivement - 17 % entre 2000 et 2010 et -9,8 % entre 1990 et 2010.
- Etats-Unis : réduire l’impact environnemental par la productivité
L’impact du bétail en termes d’émissions de GES a diminué de 2 % entre 2005 et 2011 aux Etats-Unis. L’objectif est de gagner 5 % supplémentaires sur la période 2011-2016. Le levier «
productivité » est largement activé pour réduire les nuisances environnementales : en 30 ans, le cheptel a diminué de 30 %, à production stable. Les ressorts de cette productivité peuvent toutefois être l’objet de débats, notamment l’utilisation des
hormones de croissance et des OGM.
- Europe : mieux cerner l’alimentation animale
Alexander Döring, secrétaire général de la Fédération européenne de l’alimentation animale, apporte un éclairage à l’échelle du vieux continent. « Le poste alimentation représente 45 % des émissions de l’élevage », admet-il. Un projet a été lancé pour mieux cerner les quelques 600 matières différentes que consomment les animaux en Europe, et leurs impacts respectifs. Parmi les pistes de réflexion, une plus grande utilisation de produits dédiés à l’alimentation humaine mais non-consommables est dans l’air du temps. Tout comme une augmentation des aliments transformés dont le processus de fabrication induit des
coproduits. L’impact en matière de GES sera donc partagé ».