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COP21 : un accord qui prend en compte l’agriculture et la forêt

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Les négociateurs pour l’agriculture et la forêt sont satisfaits de la COP21. Si le texte ne constitue pas un accord sectoriel mais bien un cadre pour l’ensemble des économies, l’accord trouvé le 12 décembre par 195 pays prend en compte l’enjeu agricole. « Il y a une reconnaissance forte de la sécurité alimentaire : l’atténuation et l’adaptation au climat ne doit compromettre ni la production agricole, ni la sécurité alimentaire. Une première pour ce dernier point », se réjouit Ludovic Larbodière, négociateur pour l’agriculture et chargé de mission agriculture et climat au ministère de l’Agriculture. Les pays ont finalement fixé l’objectif d’un réchauffement contenu à 2°C, avec pour visée d’atteindre 1,5 °C. Un seuil qui paraît difficile à tenir. Quoi qu’il en soit, chaque État a présenté sa propre contribution indiquant ses promesses de réduction de gaz à effet de serre (GES). Des discussions dans l’UE en 2016 Pour la France, les objectifs s’inscrivent dans le cadre de l’Union européenne qui ambitionne une réduction de 40 % des GES par rapport à 1990. « La manière dont les objectifs vont se répartir entre pays, voire pour certains secteurs, sera discuté en 2016, poursuit Ludovic Larbodière. L’agriculture n’aura pas nécessairement d’objectif en tant que tel au niveau européen. La France a toutefois publié une stratégie nationale bas-carbone avec des budgets carbone sectoriels, dont l’agriculture.  » Le texte de la COP21 engage tous les pays dans un accord juridiquement contraignant, même si aucune pénalité n’est prévue en cas de non respect des contributions. L’accord prévoit une révision tous les cinq ans des contributions, avec une ouverture pour une première discussion en 2018. Les États les plus riches se sont engagés d’ici à 2020 à accompagner les pays en développement par des financements d’un montant plancher de 100 milliards de dollars par an. Stockage du carbone, une démarche volontaire L’accord ne porte pas uniquement sur un objectif de réduction, mais prend en compte le stockage du carbone, dont peuvent se prévaloir les secteurs de la forêt et de l’agriculture. « Ce sera une démarche volontaire des pays : il est plus complexe de comptabiliser les puits de carbone que de calculer les émissions », indique Murielle Trouillet, négociatrice forêt et chargée de mission forêt et climat au ministère de l’Agriculture. Le texte livre un cadre pour la comptabilisation. Des programmes de travail se dérouleront d’ici à 2020 afin de peaufiner les recommandations pour l’ensemble des pays. « La comptabilisation des puits de carbone permettra de réajuster si besoin les objectifs de réduction d’émission de GES », ajoute Murielle Trouillet. Tous les pays sont tenus de réaliser un inventaire des émissions de GES et des puits de carbone. Lutter contre la déforestation L’article de l’accord dédié aux puits de carbone reconnait l’importance de toutes les forêts dans les efforts des pays. Cet article permet également la mise en œuvre opérationnelle du mécanisme REDD+ portant sur la réduction des émissions issues de la déforestation et de la dégradation des forêts tropicales. Le texte incite ainsi tous les pays à une gestion durable des forêts. Enfin, l’autre innovation de cette COP résidait dans l’Agenda des solutions, reconnu par l’accord et qui porte sur la contribution des acteurs non-étatiques (collectivités, ONG, entreprises…). Dans le secteur agricole, plusieurs initiatives ont été encouragées comme le stockage du carbone dans les sols 4 pour mille, ou l’initiative Beef Carbone. Elles doivent mobiliser dès maintenant les acteurs de terrain et avancer vers une économie durable pour une planète viable.