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COP22 : l’agriculture reste au stade des initiatives

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À l’issue de la COP22, qui se tenait à Marrakech du 7 au 18 novembre, 111 pays représentant 77 % des émissions de gaz à effet de serre, ont désormais ratifié l’Accord de Paris. L’Allemagne, les États-Unis, le Canada et le Mexique ont présenté des stratégies de réduction de leurs émissions à l’horizon 2050.

La France s’est engagée à atteindre la neutralité carbone en 2050. La feuille de route confirme la mobilisation de 100 milliards de dollars par an pour le climat par les pays développés. Le débat porte désormais sur les outils de gestion des flux financiers à orienter vers l’économie bas-carbone. D’ici à 2020, la France va porter de 3 à 5 milliards d’euros les financements annuels pour le climat et triplera ses engagements en faveur de l’adaptation pour atteindre au moins un milliard par an.

L’absence officielle de l’agriculture

Quid de l’agriculture ? Comme à Paris, aucun texte n’a été adopté spécifiquement sur l’agriculture. « Ce statut quo des discussions dans lequel s’enfoncent les États est d’autant plus inadmissible qu’il y a urgence à agir dans le domaine , a déploré Anne-Laure Sablé, chargée de plaidoyer souveraineté alimentaire et climat au CCFD-Terre Solidaire, le 15 novembre à la COP22. Les Nations Unies estimaient il y a un mois qu’à cause des dérèglements climatiques, 35 à 122 millions de personnes supplémentaires pourraient vivre dans la pauvreté d’ici 15 ans et en particulier des personnes vivant de l’agriculture. » José Graziano da Silva, directeur de la FAO a insisté : « Les effets du changement climatique sur l’agriculture compromettent déjà les efforts mondiaux visant à assurer la sécurité alimentaire et la nutrition. »

Toutefois, de nombreuses initiatives agricoles ont été mises en avant à l’instar de l’adaptation de l’agriculture africaine (AAA) et du projet « 4 pour 1000 ». La journée du 16 novembre était dédiée à ce secteur et un forum sur la préservation des sols s’est tenu le lendemain.

L’adaptation de l’agriculture africaine

Le directeur général de la FAO a d’ailleurs salué le lancement de l’initiative AAA. Programme phare du Royaume du Maroc approuvé par 27 pays, AAA est soutenu en France par la Fondation Avril, Lesieur Cristal, et Agropol, une association interprofessionnelle en charge de la coopération et du développement des oléoprotéagineux. L’enjeu est de taille : à l’horizon 2050, le continent africain devrait voir sa population doubler, pour atteindre près de 2,5 milliards d’habitants, soit un quart de la population mondiale. Il lui faudra alors tripler une productivité agricole en repli, tout en réduisant les impacts du changement climatique sur ses ressources naturelles.

Ce programme est notamment axé sur la gestion durable des sols, une meilleure maîtrise de l’eau et une gestion globale des risques climatiques. « Chacun a pu s’apercevoir du réveil de l’Agriculture africaine et de tout ce qu’elle pouvait apporter en matière de lutte contre le réchauffement climatique, a indiqué Xavier Beulin, président de la FNSEA dans une lettre ouverte publiée la 17 novembre. Face à la pénurie d’eau et à la nécessité d’assurer la sécurité alimentaire dans le monde, les politiques d’adaptation de l’agriculture sont majeures. »

Concrétiser l’initiative « 4 pour 1000 »

L’initiative 4 pour 1000 a été portée à la COP22 par le ministère de l’Agriculture français et les trois instituts de recherche Cirad, Inra et IRD, ainsi que leurs partenaires internationaux du CGIAR (Consultative group for international agricultural research) et de l’université de l’Ohio. « Leur utilisation dans la lutte contre les dérèglements climatiques est aujourd’hui une opportunité considérable pour les promoteurs de fausses solutions et sert d’alibi à l’inaction publique », s’inquiète toutefois CCFD-Terres Solidaires. Stéphane Le Foll le reconnait : il faut également une mutation des modèles agricoles et concrétiser l’initiative avec des indicateurs.