Coronavirus, les chambres et les distributeurs s’organisent pour maintenir le conseil de terrain
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[caption id=« attachment_29419 » align=« alignright » width=« 200 »] « Nous essayons d’être aussi proche que possible des agriculteurs » : Pascal Bailleul, directeur de Ceresia[/caption]
En progressant sur le territoire français, le Coronavirus contraint chacun à fortement limiter ses déplacements, afin d’enrayer l’épidémie. La situation pose question dans le secteur agricole, et notamment pour les conseillers qui accompagnent, sur le terrain, les agriculteurs. Dans ce cadre, les chambres d’agricultures et les distributeurs s’organisent pour poursuivre leurs activités, tout en limitant la propagation du virus. « Les conseillers se rendent seuls sur les exploitations et ont davantage recours au téléphone ou à la vidéo pour limiter les contacts », explique Christophe Dion, responsable technique à la Chambre d’agriculture d’Île-de-France. La Chambre d’agriculture d’Alsace rassure également sur la poursuite des activités de production. Dans un communiqué du 23 mars, elle insiste sur le fait que « les conseillers restent disponibles pour les agriculteurs », également par téléphone et par mails. « L’envoi des flashs techniques aux abonnés sera poursuivi de façon normale et les techniciens continuent leurs observations de terrain afin de maintenir un service de qualité. »
Des déplacements pour observer les parcelles
[caption id=« attachment_29420 » align=« alignleft » width=« 287 »] « Nous limitons les déplacements au strict minimum », Claude Bizieux, directeur approvisionnement à la CAMN.[/caption]
Ces adaptations se généralisent, compte tenu de l’urgence de la situation. « Les formations et les réunions bout de champs sont supprimés, nous évitons tout contact entre deux personnes, mais faisons tout pour conserver le conseil », explique Pascal Bailleul, directeur de la coopérative Cérèsia, dont le siège est situé à Reims. Si les déplacements pour les visites de plaines se poursuivent afin d’observer l’état d’avancement des cultures, les techniciens s’y rendent seuls. Le service agronomique continue ainsi de recueillir les données pour assurer, notamment, les flashs agronomiques. Au sein de la Coopérative agricole des maraîchers nantais, des mesures similaires ont été prises. « Nous ne voyons pas comment faire autrement, nous ne pouvons pas observer les parcelles avec des webcams », indique Claude Bizieux, directeur approvisionnement à la CAMN. L’observation sur le terrain est en effet essentielle au maintien d’un conseil approprié. La direction de la CAMN estime qu’il est du ressort de la direction de gérer les déplacements d’exception, en son âme et conscience. « Par exemple, nous sommes très impliqués dans la protection biologique intégrée et nous avons besoin de nous déplacer pour livrer les auxiliaires, les solutions de confusion sexuelle, et les poser, étaye Claude Bizieux. J’espère qu’en cas de confinement total, nous pourrons toujours réaliser ces services : nous ne pouvons ni ralentir le cycle des plantes ni celui du climat. »
Les agriculteurs semblent satisfaits de l’engagement du personnel qui continuent à être à leurs côtés. « Ils sont rassurés car ils peuvent poursuivre leur travail », poursuit Pascal Bailleul.
Des difficultés en cas de durcissement
[caption id=« attachment_29422 » align=« alignright » width=« 224 »] « Nous essayons de nous organiser au mieux pour faire face à la situation », Christophe Dion, responsable technique à la Chambre d’agriculture d’Île-de-France.[/caption]
La situation pourrait néanmoins se complexifier en cas d’un confinement long ou plus strict. « Des questions vont commencer à se poser, pour des formations programmées ou le certiphyto, reconnait Christophe Dion. Nous gérons au jour le jour. » La question de la disponibilité même des agents se pose à la Chambre d’agriculture, alors que deux conseillers ont dû être placés en quatorzaine. Pour le responsable technique, la mise en place d’un confinement total ne serait pas sans conséquence : « Cela serait vraiment limitant de ne plus pouvoir se rendre sur le terrain, la pertinence de notre conseil serait diminuée. »
Les conseillers peuvent également compter sur les efforts déployés par les instituts techniques. Celui des oléo-protéagineux, Terres Inovia, qui a entamé une transformation numérique il y a deux ans, en témoigne. Des webinaires sur la conduite des cultures sont organisés une semaine sur deux. L’institut indique également renforcer sa présence sur les réseaux sociaux, pour pouvoir échanger avec les agriculteurs et les conseillers. « Notre rôle de suivi des cultures et d’aide aux agriculteurs pour prendre les bonnes décisions et réussir leurs productions, doit pourvoir être assuré au maximum », rappelle Laurent Rosso, le directeur général de Terres Inovia.
Améliorer les relations avec la société
Quid des agriculteurs déjà en difficulté et qui vont se retrouver encore plus isolés ? « Historiquement, la coopérative agit quotidiennement pour accompagner les agriculteurs en difficulté, cela fait partie des valeurs fortes de la coopération. Aujourd’hui, nous sommes dans l’urgence pour tous et axons nos efforts sur la capacité à produire une récolte en quantité et en qualité pour tous les agriculteurs et viticulteurs. »
Le directeur de Cérèsia espère que cet épisode changera le regard des citoyens sur l’agriculture. « Il y aura un avant et un après Coronavirus, indique-t-il. Nous espérons que la vision de la société sur nos métiers évoluera enfin dans le bon sens. »