Crise agricole : pas de moratoire réglementaire d’un an, mais une « pause » de six mois
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Les syndicats agricoles réclamaient un moratoire d’un an sur les nouvelles réglementations. Le 3 septembre, en réponse à la manifestation des exploitants venus massivement à Paris, Manuel Valls n’a annoncé qu’une pause de six mois : aucune mesure ne sera prise d’ici à février 2016 en France. Une mobilisation qui s’est poursuivie au niveau européen, le 7 septembre à Bruxelles, lors du Conseil européen consacré à la crise agricole. La Commission européenne a annoncé à cette occasion une enveloppe de 500 millions d’euros d’aide d’urgence. Par ailleurs, les réglementations qui seront définies après cette pause le seront en association avec les professionnels agricoles « très en amont », a promis le Premier ministre. Il se dit conscient que les efforts demandés aux exploitants « en matière de qualité et d’environnement, s’ils sont légitimes, sont contraignants et nécessitent des investissements très lourds. » Autre annonce : une augmentation des crédits d’urgence annoncés en juillet va porter à 3 milliards d’euros la somme qui sera investie dans l’agriculture sur trois ans. Le Premier ministre a enfin affirmé se faire le porte-parole des agriculteurs français au niveau européen. Manuel Valls entend aussi s’assurer que « tous les agriculteurs d’Europe soient soumis aux mêmes contraintes. » Des mesures jugées insuffisantes Place de la Nation, le 3 septembre, devant 7000 agriculteurs, Xavier Beulin, président de la FNSEA, a listé les mesures négociées auprès du gouvernement et a annoncé que « l’administration sera sous surveillance et la méthode de travail revue au printemps. » Son discours, attendu, a pourtant été chahuté. Le désarroi a grandi, surtout auprès des éleveurs bretons. Les annonces sont perçues comme insuffisantes au regard de l’urgence dans certaines exploitations. Depuis leur arrivée sur la place parisienne, les présidents de FDSEA de tous les départements, les représentants des filières, végétales comme animales, ont exprimé leur revendication ; notamment celles en lien avec les contraintes environnementales : arrêter les certificats d’économie en produits phytosanitaires, favoriser la modernisation de l’outil de production, mettre un terme au décalage trop important entre la réalité du terrain et les décisions administratives. « Ils travaillent entre eux, avec des allers-retours entre les services de l’écologie et de l’agriculture sans mesurer les enjeux et les difficultés », a relevé l’un d’entre eux. Eloi Pailloux et Anne Delettre