Crise de l’élevage : la France, entendue par la Commission
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Le marathon de Stéphane Le Foll, quelques jours avant le conseil européen, pour faire entendre sa voix aux autres Etats Membres a, semble-t-il, été récompensé. Le 14 mars, la Commission européenne s'est en effet positionnée sur la centaine de mesures proposées par les États membres pour endiguer la crise agricole. Celles portées occupent une bonne place.
Comme le demandait Stéphane Le Foll, l'article 222 de l'Organisation commune des marchés agricoles (OCM) sera appliqué : une première depuis sa création dans le cadre de la réforme de la Pac en 2013. Cela se traduira par une autorisation provisoire donnée aux opérateurs du secteur laitier pour réduire la production de façon temporaire et ainsi, outrepasser les droits à la concurrence. Plusieurs États membres avaient demandé à ce que les engagements volontaires entre les acteurs de la filière soient possibles. « Les modalités de mise en œuvre sont en cours de finalisation par la Commission et j'espère être en mesure de les communiquer très rapidement aux Etats membres », précise Phil Hogan.
Aides et plafonds relevés pour le stockage
La Commission prévoit de doubler les plafonds de stockage de lait en poudre et de beurre, s'élevant respectivement à 109 000 t et 50 000 t aujourd'hui. C'est plus que les volumes réclamés par le ministre français qui étaient de 160 000 t et 80 000 t. Dans le secteur porcin, « les possibilités d'aides supplémentaires sont moins nombreuses », indique le commissaire. Une nouvelle aide au stockage privé pour la viande porcine devrait tout de même voir le jour dans l'année ainsi qu'un observatoire européen de la viande. Les mesures de soutien à la filière fruits et légumes seront maintenues du fait de l'embargo russe. En matière d'exportation, la Commission a assuré travailler sur un outil de garantie pour couvrir les risques financiers des entreprises. Enfin, la banque européenne d'investissement soutiendra les projets innovants ou structurants des agriculteurs et des entreprises.
Réactions diverses
Pour la FNPL (producteurs de lait), « l’Europe a enfin pris conscience de la crise sans précédent que traverse le secteur laitier » précisant que « si les mesures annoncées peuvent permettre d’accompagner producteurs et entreprises, elles ne constituent en rien une réelle politique agricole commune ». Toute nouvelle hausse de la collecte européenne aurait des conséquences dévastatrices.
Pour Momagri « ces mesures éphémères ne règlent pas les problèmes structurels », d’autant que les mesures de maitrise de l’offre ne seraient proposées que sur une base volontaire : on ne peut donc que douter de l’efficacité de ces mesures. Faute d’une action plus volontariste, la crise mettra plus de temps à être enrayée, et c’est le projet européen dans son ensemble qui sera une nouvelle fois contesté et affaibli !
Pour les chambres d’agriculture, « pour le court terme, l’augmentation proposée des volumes à l’intervention ne suffit pas. Il faut impérativement un relèvement des prix. A long terme, l’ouverture de nouveaux marchés est une opportunité ».