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Départ de Hulot : au-delà de l'hommage général, les ONG pressent Macron à agir

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Un « électrochoc » ! WWF n’a pas manqué d’exprimer sa grande tristesse à la suite de la démission de Nicolas Hulot. Un mot qui qualifie parfaitement le sentiment général des associations environnementales, pour lesquelles ce départ est bel et bien une très mauvaise nouvelle pour la protection de la planète. Le 30 août, dix ONG* ont décidé de signer une tribune sur France Info . Elles appellent Emmanuel Macron et Édouard Philippe à un « sursaut ». « Face aux menaces climatiques, militaires et à l’effondrement des écosystèmes, l’action n’est plus une option mais une nécessité, une urgence, une éthique », indiquent-elles. Concernant l’agriculture, elles estiment que l’on ne peut plus « soutenir l’agriculture biologique et en même temps le glyphosate, les fermes-usines et en même temps une agriculture paysanne, une redynamisation des centres-villes et en même temps l’artificialisation des terres agricoles. »

« Les signaux d’alerte ne cessent de s’accumuler alors que le temps pour agir s’amenuise », alerte WWF.

Les ONG environnementales solidaires de Nicolas Hulot

Michel Dubromel, président de France nature environnement FNE, affirme partager l’analyse de Nicolas Hulot : « Les enjeux écologiques ne sont pas suffisamment pris en compte par le gouvernement, dans lequel le Ministre de la transition écologique était trop souvent isolé dans ses orientations exigeantes. »

Réserves Naturelles de France « demande au gouvernement de prendre la mesure de l’urgence mise une nouvelle fois en lumière par le départ de Nicolas Hulot et souhaite que la personne qui sera désignée pour lui succéder poursuive avec autant de compétences et de conscience écologique les combats qu’il a engagés. »

L’ONG Greenpeace dit ne pas être surprise de cette démission « tant les enjeux environnementaux et climatiques n’ont pas été traités à la hauteur de l’urgence depuis l’arrivée (de Nicolas Hulot) au gouvernement. »

Les syndicats agricoles regretteront sa capacité à dialoguer

Quid des acteurs agricoles ? « Nicolas Hulot était un ministre de convictions, même si nous avions des divergences dans certains domaines, a expliqué Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. Il a salué le travail que nous avons accompli et a reconnu que le contrat de solutions était inédit ! » Elle estime même que ce sont les ONG qui ont « poussé à bout » Nicolas Hulot, notamment sur le sujet des pesticides, lui « reprochant de ne pas aller assez vite. »

Pour la Confédération paysanne, cette décision « confirme surtout l’absence de politique agro-environnementale globale de ce gouvernement qui refuse de remettre en cause le modèle agricole dominant. »

Rappelant que le syndicat avait des points de désaccord avec le ministre, la Coordination rurale souhaite « un successeur écologue avec qui les agriculteurs pourront travailler en bonne intelligence pour remettre l’écologie à une place qui permette une agriculture durable et productive, destinée à nourrir la population en quantité suffisante et avec une qualité irréprochable. »

L’occasion de passer des messages politiques

Du côté des politiques, en ligne avec les prises de paroles d’Emmanuel Macron et Édouard Philippe, Jean-Baptiste Moreau, agriculteur et député LREM, « regrette le départ de Nicolas Hulot, homme de conviction qui a permis des avancées concrètes pour la transition écologique de notre société : interdiction des néonicotinoïdes, bio local dans les cantines, sortie du glyphosate. Son combat est notre combat ! Nous le poursuivons ! »

Pour Europe Écologie les Verts, le départ de Hulot « dit la vérité sur les choix d’un gouvernement qui préfère les lobbies à l’écologie. » Une analyse asser voisine de celle de l’eurodéputé Éric Andrieu (S&D) : « La politique menée par M. Macron et M. Philippe ne répond pas aux enjeux environnementaux, climatiques et de santé des Français et des Européen. »

*La Fondation pour la Nature et l’Homme, Agir pour l’environnement, France nature environnement, Générations futures, Les Amis de la Terre, Réseau sortir du nucléaire, l’Action des citoyens pour le désarmement nucléaire, l’Association pour la protection des animaux sauvages, Virage énergies et la Société nationale de protection de la nature