Des améliorations, mais aussi des progrès à réaliser pour limiter l’impact de l’agriculture sur l’environnement (rapport)
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Publié depuis 1994, le Rapport sur l’état de l’environnement, édité par le ministère de la Transition écologique, dresse le bilan sur ces enjeux tous les quatre ans. L’édition 2019 du document a été publié le 24 octobre. S’il souligne que « l’état de l’environnement continue de s’améliorer en France sous l’effet de la réglementation et des initiatives nationales et locales », le rapport évoque « un bilan plus contrasté dans certains domaines ». Les questions agricoles sont souvent liées à ces enjeux.
Situation mitigée pour la qualité de l’eau
En ce qui concerne l’enjeu de la qualité de l’eau, le document met en avant des améliorations, notamment dues à la modernisation des stations d’épuration durant les années 2000 et « l’évolution de certaines pratiques agricoles », telle qu’un moindre recours aux engrais phosphorés. Entre 1998 et 2017, les nitrates et les orthophosphates diminuent respectivement de 12 % et 37 % dans les cours d’eau. Autre chiffre parlant : la présence globale des pesticides dans les cours d’eau a diminué de 19 % en métropole et de 21 % en outre-mer sur la période 2008- 2017. Une évolution positive due notamment à une moindre présence d’herbicides.
La situation est toute autre au niveau de la qualité chimique des eaux souterraines, où les pollutions aux nitrates et aux pesticides demeurent très importantes. « Cette situation s’explique notamment par le fait que plusieurs décennies sont nécessaires pour que certaines substances se dégradent lorsqu’elles ont atteint une nappe », explique le rapport. En 2017, plus de 300 substances actives de la catégorie des pesticides ont été retrouvées dans les eaux souterraines. Pour 45 % des points du réseau de surveillance, la concentration totale en pesticides dépasse la limite de qualité de 0,5 microgramme par litre (µg/l). Conséquence : depuis 2000, environ 2 400 captages ont été abandonnés sur près de 22 000.
Les sols menacés
Autre point de vigilance soulevé par le rapport, les pressions exercées sur les sols, perturbant leurs fonctions écologiques, notamment de stockage du carbone. « L’intensification accrue de l’artificialisation du territoire (près de 65 800 hectares par an en métropole entre 2006 et 2015) conduit à la destruction des milieux naturels et à la disparition des espèces qui y vivent », alerte le document. Un phénomène qui touche particulièrement le secteur agricole, avec 35 853 ha concernés entre 2012 et 2018. Sur cette période, 71 % des changements d’utilisation des sols concernent des terres agricoles, au profit le plus souvent de terres artificialisées.
Des changements d’utilisation qui peuvent avoir pour conséquence une augmentation des émissions de gaz à effet de serre émis et une perte de biodiversité. L’état des prairies affiche également une petite forme. Leurs surfaces ont diminué de 5 Mha depuis les années 1960, s’établissant à 12,5 Mha en 2017.
La biodiversité aussi touchée
Cette artificialisation du territoire pèse aussi sur la biodiversité, également menacée par la fragmentation des milieux naturels ou l’intensification des pratiques agricole. « La simplification des paysages et la diminution continue des surfaces de prairies sont deux autres facteurs expliquant la perte de biodiversité en milieu agricole. Plus particulièrement, les grands espaces toujours en herbe, riches en biodiversité (prairies, milieux herbacés ouverts, etc.) ont diminué de 7,9 % en métropole entre 2000 et 2010 avec une perte de 622 000 ha, soit l’équivalent de la surface du département de l’Hérault », notent les auteurs du rapport.
Des importations agricoles peu vertueuses
Enfin, le document attire l’attention sur le fait que l’empreinte écologique de la France, liée aux importations de matières premières agricoles et forestières, s’élève à 14,8 Mha en 2016. Selon le WWF, cité par le rapport, ces dernières sont issues en grande partie de la déforestation des forêts tropicales : soja (4,8 millions de tonnes), huile de palme (970 kilotonnes), cacao (460 kilotonnes).