Didier Guillaume annonce la fin du broyage des poussins et de la castration à vif des porcs pour la fin 2021
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C’est l’aboutissement de près de quatre mois d’attente. Le ministre de l’Agriculture a dévoilé, le 28 janvier, une série de mesures en faveur du bien-être animal, attendues de longue date. « Le bien-être animal n’est pas la fin, mais l’avenir de l’élevage », a-t-il déclaré en préambule. Un arrêté est attendu dans les prochains jours. « En 2021, plus rien ne sera comme avant », assure le ministre.
Fin du broyage des poussins mâles et de la castration à vif des porcelets
Très attendues par les associations de défense des animaux, deux mesures majeures, à cet horizon, ont été annoncées : la fin du broyage des poussins mâles et de la castration à vif des porcelets pour la fin 2021. « Cette échéance est réaliste et elle sera tenue », indique Didier Guillaume. Par ailleurs, dès le 1er janvier 2022, chaque exploitation de volailles ou de porcs devra compter dans ses rangs un référent en charge du bien-être animal et recevoir une formation spécifique. Près de 18 000 vétérinaires seront mobilisés pour accompagner les éleveurs et, dans le cas de la castration, mieux prendre en charge la douleur, grâce à l’élaboration d’un protocole.
« Notre objectif, en associant les organisations vétérinaires, est qu’un certain nombre d’actes puissent être réalisés par les éleveurs suite à des formations », détaille Bruno Ferreira, directeur général de l’alimentation. Autres mesures annoncées : l’augmentation des contrôles des transports d’animaux vivants, mais aussi, en matière de bâtiments, le fléchage des financements de l’État uniquement vers ceux respectant le bien-être animal, dès cette année. « Je pousse cette mesure également dans le cadre des discussions sur la Pac », indique le ministre.
Améliorer la formation et encourager la recherche
Pour accompagner et soutenir cette dynamique, Didier Guillaume insiste sur le rôle de l’enseignement. Dès la rentrée prochaine, le thème du bien-être animal sera inclus dans les programmes des établissements scolaires agricoles. Autre pilier évoqué, celui de la recherche, notamment pour le développement d’alternatives au broyage des poussins mâles. « Fin 2021, c’est demain ! Sur la question du broyage des poussins mâles, il faut accélérer. Nous souhaitons que cet enjeu soit priorisé par les structures de recherche. La France a déjà investi plus de quatre millions d’euros sur ce sujet », précise le ministre, en affirmant que le sexage in-ovo n’est pour l’instant pas déployable à grande échelle.
Vers un étiquetage européen des modes d’élevage
Rappelant l’appel constant pour plus de transparence de la part des consommateurs, Didier Guillaume a annoncé la mise en place, en 2021, d’un étiquetage européen des modes d’élevage. Cela a été acté lors de la réunion, la veille, des ministres européens en charge de l’agriculture. Les modalités ne sont pas encore été définies et il faudra trouver un accord avec l’ensemble des États membres. Dans ce cadre, le ministre français a expliqué « attendre avec impatience » l’avis devant être rendu par le Conseil national de l’alimentation, au printemps prochain, qui doit proposer une expérimentation sur l’étiquetage des modes d’élevage. « Nous nous appuierons très fortement sur cet avis et je le présenterai au Conseil européen. Ce sera une base pour nos travaux ».
Réactions mitigées de la part des ONG
Les associations de défense des animaux n’ont pas attendu pour réagir. Bien que jugeant « court » le délai pour mettre fin au broyage des poussins, CIWF salue par ailleurs la volonté des filières sur le sujet. Concernant l’arrêt de la castration à vif, l’ONG, tout comme l’association Welfarm, est plus mitigée, et explique attendre l’arrêt pur et simple de la castration. « Il n’existe pas de méthodes satisfaisantes de prise en charge de la douleur aujourd’hui, pourtant des alternatives existent, comme garder le mâle entier ou l’immunocastration », explique Agathe Gignoux, chargée affaires publiques chez CIWF.
Elle insiste également sur « le grand absent » de ces annonces, le sujet des cages. Invité à réagir sur l’enjeu des œufs issus de poules pondeuses en cage, Bruno Ferreira estime « qu’il faut être vigilant sur les équilibres économiques en place. De nombreux élevages ont fait récemment des investissements lourds pour rénover leurs cages. Cet abandon doit être progressif ». Enfin, chez L214, sans surprise, le compte n’y est pas, l’association jugeant les annonces faîtes « bien en-deçà des attentes sociétales ».