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Diméthoate : la Commission européenne ne l’interdira pas

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Ce vendredi 8 avril, le délai de réponse officielle de la Commission européenne, suite à la demande de Stéphane Le Foll d'interdire immédiatement le diméthoate dans toute l'UE a été dépassé. Le ministère devait, suite à ce qu'il avait annoncé le 29 mars, prendre une procédure d'urgence d'interdiction de commercialisation des cerises traitées avec ce produit en cas de non réponse. Les services du ministère de l'Agriculture ont indiqué attendre néanmoins une réponse officielle. Selon Luc Barbier, président de la FNPF, « des sources proches du dossier m'ont informé que mardi 5 avril, Phil Hogan, Commissaire européen à l'agriculture, a déclaré que la Commission européenne va se conformer aux recommandations de l'Efsa et donc, que le diméthoate sera maintenu. » Des échanges entre le ministère de l'Agriculture, l'Anses et l'Efsa auraient eu lieu. Les producteurs français veulent que le ministre soutienne la filière et prenne rapidement une décision. Une demande de dérogation de 120 jours du diméthoate a été déposée en début d'année. « Et si les frontières sont fermées aux importations de cerises traitées au diméthoate, il manquera 60 % des volumes consommés chaque année », alerte Luc Barbier.

Un renouvellement de génération en 7 jours

Au-delà de ce dérèglement du marché qui entrainera une forte hausse des prix, c'est l'état sanitaire du verger qui est au cœur du problème. « Nous ne  sommes pas attachés à défendre ce produit, et notre combat ne se situe pas à un niveau économique, mais l'enjeu est bien d'éradiquer complètement ce ravageur de nos vergers ». Depuis 2010, la mouche Susikii, qui n'a pas de prédateurs, a envahi les cerisiers. Cet insecte renouvelle sa génération en 7 jours. « Le diméthoate est le seul produit autorisé à avoir à la fois un mode d'action ovicide, larvicide et adulticide, bloquant ainsi rapidement la dynamique de population. Les autres produits sont eux, uniquement adulticides », explique-t-il. Par ailleurs, si le coût des traitements avec les autres solutions homologuées se situe aux environs de 100 €/ha et s'il faut pousser jusqu'à cinq passages, cet investissement peut être absorbé. La solution pour le producteur est bien la dérogation à 120 jours sur usage cerises, en attendant que les solutions de biocontrôle soient disponibles.

Des essais sont engagés depuis 2012. « Cela fait trois ans que nous sommes en discussion avec les pouvoirs publics pour les sensibiliser à nos problèmes », souligne Luc Barbier. La molécule fait l'objet d'une procédure de réapprobation au niveau européen et est autorisée jusqu'au 31 juillet 2018. Elle fait partie des 77 substances dont on envisage la substitution. L'Italie est chargée d'examiner le dossier. La France a demandé en parallèle des informations en dehors du protocole. L'Anses a conclu qu'elle ne pouvait pas juger le produit au regard du risque consommateur, faute d'élément. Au nom du principe de précaution, une mesure de retrait a donc été prise le 1er février. Luc Barbier souligne aussi que le Canada vient d'autoriser à nouveau le produit et qu'aucun risque pour le consommateur n'a été notifié. « Depuis le  29 mars, nous sommes dans l'expectative avec en balance, la pérennité de notre filière », conclut-il.