Eau, l’agence européenne pour l’environnement attend une Pac beaucoup plus ambitieuse

Si l’agriculture est durement touchée par des épisodes climatiques extrêmes de plus en plus fréquents, elle reste l’une des pressions majeures sur la qualité de la ressource en eau, au sein de l’Union européenne. Malgré une baisse de 28 % en trente ans de la consommation d’eau à des fins agricoles, très peu d’évolutions ont eu lieu au cours des dix dernières années, note un rapport de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), diffusé le 25 février 2021, intitulé « Eau et agriculture, vers des solutions durables ». Le document note ainsi que « les résidus d’azote dus à la fertilisation des prairies et des cultures restent très élevés dans le nord et le centre de l’Europe, et la concentration de nitrate dans les eaux souterraines n’a pas changé depuis trente ans ». Et d’insister : « la consommation totale de pesticides au niveau de l’UE n’a pas changé depuis 2011, tandis que le captage d’eau agricole est un facteur clé du stress hydrique dans la plupart des pays du sud de l’Europe. » Ainsi, en 2016, « environ 50 % des eaux de surface et 25 % des eaux souterraines des États membres et de la Norvège n’atteignaient pas un bon état en partie en raison des pressions agricoles ».

Etre en cohérence avec le Green Deal

Selon le document, la réduction des pressions liées à l’agriculture est un pivot pour restaurer un bon état des masses d’eau européennes. Pour cela, l’AEE appelle à la mise en œuvre de « mesures ambitieuses » dans le cadre de la Politique agricole commune (Pac) 2021-2027. « La Pac joue un rôle central pour faciliter la transition vers une agriculture durable. Elle devra être plus ambitieuse que les programmation précédentes sur les obligations environnementales, et sur le financement de mesures bénéficiant à la ressource en eau. » L’agence se prononce en faveur d’un plus grand soutien de la Pac à l’agriculture biologique et aux systèmes agroécologiques, l’agriculture de précision ou la lutte biologique intégrée. Elle invite à davantage prêter attention aux instruments d’incitation. Le rapport note par ailleurs que si le focus est fait sur l’eau, de nombreuses propositions bénéficieraient également à la qualité de l’air, à la biodiversité, aux sols, à l’atténuation et à l’adaptation au changement climatique. Une mise à niveau nécessaire pour atteindre les objectifs du Green Deal, dont les différentes stratégies « ouvrent la voie à un environnement non toxique et promeuvent une production agricole plus durable dans l’ensemble ».

Donner des moyens aux eco-schemes

Pour soutenir son propos, le document rappelle les résultats d’une étude de la Commission européenne de 2020, sur l’impact de la Pac 2014-2020 sur l’eau. Selon elle, si la Pac est essentielle pour atteindre les objectifs de la Directive-cadre sur l’eau, « des problèmes émergent en raison de son manque d’ambition et d’une mise en application insuffisante des mesures les plus durables ». Le document affirme ainsi qu’il était très difficile d’estimer, à partir des informations disponibles, la réelle efficacité de la Pac à ces fins. Dans ce cadre, l’AEE en appelle à un renforcement du soutien de la Pac à une agriculture durable, notamment à travers les plans stratégiques, les eco-schemes et le second pilier. « L’enveloppe budgétaire des eco-schemes et les plans de développement rural doivent correspondre à l’ampleur des défis liés à l’eau ».