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Ecophyto : des chiffres en hausse en 2014, une mobilisation qui se poursuit

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La note du ministère de l’Agriculture sur les tendances de recours aux produits phytosanitaires de 2009 à 2014 a été remise aux membres du Comité national d’orientation et de suivi du plan Ecophyto qui se sont réunis ce 8 mars 2016. « Les résultats confirment que le plan Ecophyto a mis en place des conditions nécessaires mais non suffisantes pour atteindre son objectif de réduction de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques », indique le ministère de l’Agriculture. Hausse du Nodu de 5,8 % avec une situation sanitaire difficile Quels sont les résultats ? La synthèse montre que le Nodu « usage agricole », ou nombre de doses unités, a augmenté de 5,8 %, en moyenne triennale, entre 2011-2012-2013 et 2012-2013-2014. La hausse est de 9,4 % entre 2013 et 2014, avec un QSA, ou quantités de substances actives, en augmentation de 16 % sur cette même période. Des chiffres qui s’expliquent en partie par les conditions climatiques de 2014. Elles ont favorisé les maladies sur les céréales et les légumes, comme le note le ministère de l’Agriculture. Les ravageurs ont aussi été très présents sur colza et en arboriculture fruitière. Les rendements des cultures sont également plus élevés en 2014.Par ailleurs, le Nodu des usages agricoles en traitement de semences augmente de 31,4 % entre 2013 et 2014, et 35,5 % en considérant le QSA. La plus grande part des hausse concerne des fongicides et des insecticides non néonicotinoïdes. Quid du biocontrôle ? En février 2015, la liste Nodu biocontrôle, dit Nodu vert, a été élargie à l’ensemble des produits homologués composés de substances actives de biocontrôle, soit 247 solutions. Ainsi, environ 15 000 tonnes de substances actives ont été reportées vers le segment biocontrôle, dont plus de 10 000 tonnes de soufre. Le QSA de ces produits augmente de 4,9 % pour atteindre 11 232 tonnes en 2014, dont 10 948 tonnes de soufre. Présence dans l’eau en diminution Résultat positif, l’indicateur d’évolution de la présence des produits phytopharmaceutiques et de leurs résidus dans les cours d’eau, nommé IPCE, diminue de 10 à 15 % entre 2008 et 2013. Ce recul est surtout lié à une forte baisse de 10 à 20 % entre 2008 et 2010, suite au retrait du diuron. L’ICPE est ensuite en hausse cumulée de 5 % jusqu’en 2012, puis baisse à nouveau de 7 à 8 % pour atteindre le niveau de 2013. Les substances dans l’eau, « restent globalement faibles », selon le ministère de l’Agriculture. 14 % des points de mesure montrent une teneur totale supérieure à 0,5 µg/L. Les molécules retrouvées sont à 80 % des herbicides avec notamment le glyphosate, l’ampa et l’atrazine. Quant à l’impact sur l’alimentation, les substances actives et métabolites les plus fréquemment quantifiés sont issus de produits phytopharmaceutiques autorisés pour les traitements post-récolte des céréales et pommes de terre. « Cependant, pour ces substances, les niveaux d’exposition estimés ne dépassent pas la dose journalière admissible », indique la note. Des actions de terrain qui ne faiblissent pas Qu’en est-il des résultats sur les actions engagées dans le cadre du plan Ecophyto ? Malgré une situation favorable aux maladies et ravageurs de 2014, les fermes des réseaux Dephy ont diminué leur indice de fréquence de traitement, IFT, entre leur année d’entrée et 2014 : 10 % en grandes cultures et polyculture-élevage, 12 % en arboriculture, 12 % en viticulture, 15 % en légumes notamment grâce aux moyens de lutte biologique. 87 systèmes de cultures économes en phytosanitaires et performantes ont été identifiés et diffusés. - Le dispositif Dephy Expé compte désormais 41 projets, sur 200 sites expérimentaux, qui testent près de 400 systèmes de culture. - 3400 bulletins de santé du végétal, BSV, sont publiés chaque année. Un chiffre relativement stable depuis trois ans. Le dispositif concerne près de 37000 observateurs sur 15685 parcelles. - Plus de 500 000 certiphytos ont été délivrés, dont 310 000 dans la catégorie « décideur en exploitation agricole ». - En 2015, le portail de la protection intégrée EcophytoPIC a connu une fréquentation de 5400 visites par mois. Soit une augmentation de près de 20 % en un an. - 362 actions de communications régionales ont été réalisées en 2014 par les Draaf, en partenariat avec les Dreal et les chambres d’agriculture. Les actions ont concerné l’ensemble des filières, agricoles et non agricoles, ainsi que l’ensemble des thématiques du plan : Dephy, pratiques économes, santé et sécurité… Le cas des substances CMR : entre évolution de l’étiquetage et de la fiscalité Pour l’ensemble des substances cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques, ou CMR, le Nodu et le QSA ont augmenté respectivement de 12,9 % et 22,6  % entre 2013 et 2014. Les chiffres pour ces substances ont été recalculés en prenant en compte les nouvelles règles de classification d’étiquetage et emballage des produits, soit le règlement CLP. Les auteurs indiquent également que la fiscalité pour les substances actives CMR 2 a évolué depuis le 1er janvier 2015. Un facteur qui peut expliquer la hausse. « Il est donc possible que, avant l’entrée en application de l’élargissement de l’assiette de la redevance pour pollutions diffuses à toutes les substances actives CMR de catégorie 2, des exploitations agricoles se soient approvisionnées par anticipation de leurs besoins pour 2015 », précise la note.

  • Réactions
Jean-Claude Bévillard, responsable des questions agricoles à France nature environnement : « La réduction des pesticides n’est pas engagée  » « Les chiffres de la note du suivi du plan Écophyto sont inquiétants. Nous devions diminuer l’utilisation des pesticides de 50 % en dix ans et nous n’avons fait qu’augmenter leur usage. La réduction des produits phytosanitaires n’est pas engagée. Le plan peut donner des résultats si les acteurs mettent en place des actions efficaces. Les bons chiffres des fermes Dephy montrent que cela est possible. Certes, les conditions climatiques de 2014 ont été difficiles pour maîtriser la situation sanitaire, mais cela ne peut justifier la forte hausse du Nodu de 9,4 % entre 2013 et 2014. » Eugénia Pommaret, directrice de l’Union des industries et de la protection des plantes : « Les produits phytosanitaires ont permis de préserver la qualité des récoltes » « Si les quantités de produits phytosanitaires ont augmenté en 2014, c’est parce qu’ils ont été utiles dans le contexte parasitaire de l’année. Ils ont permis de préserver la qualité des récoltes tout en conservant les rendements. Les résultats de la note de suivi du plan Écophyto montrent aussi qu’avoir plusieurs indicateurs seraient plus pe

rtinents, notamment par rapport aux innovations et aux changements de pratiques. Au-delà de l’usage, des signaux sont encourageants sur la mobilisation de la filière comme les bulletins de santé du végétal ou les réseaux de fermes Dephy. D’ailleurs, nous attendons avec impatience la proposition du ministre sur les Certificats d’économie de produits phytosanitaires (CEPP), qui devra transcrire les engagements sur la réduction des sanctions et la prise en compte des nouveaux indicateurs. Nous souhaitons être consultés sur ce dossier. »

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