Ecophyto V2 - Le rapport Potier, « contrat de la deuxième chance »
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Le rapport du député Dominique Potier a été remis ce matin officiellement à Manuel Valls (lire le rapport complet ou sa synthèse). La V2 d'Ecophyto proposée par le député reprend l'objectif de moins 50 % d'usage des produits phytosanitaires d'ici à 2025, mais sur la base d'une étape à -25 % dans les cinq années à venir. Interrogé par nos confrères de reference-environnement.com, Dominique Potier a d'emblée tenu à préciser : « Limiter l'utilisation des pesticides, ou réduire leur impact sur l'environnement ? Le débat est vieux comme Ecophyto et je le tranche en disant qu'il faut limiter leur impact sur l'environnement en limitant leur utilisation. »
Le rapport, intitulé « Pesticides et agro-écologie, les champs du possible », propose « un contrat de la deuxième chance », lequel « peut être reçu comme une alternative à des mesures réglementaires et fiscales qui s'imposeraient en cas d'échec. »
Le première étape à -25 % revient « à optimiser l'usage des pesticides. » « En mettant en avant l'innovation dans les agro-équipements, la génétique, les rotations et diversités des cultures, ou encore les outils d'aide à la décision et le biocontrôle… », précise Dominique Potier. La version initiale d'Ecophyto a à la fois buté sur le manque de connaissances en amont et un retard dans l'innovation opérationnelle, notamment technologique, souligne le rapport. S'il préconise de s'en tenir aux conditions actuelles encadrant le conseil terrain, il plaide pour « une montée en puissance d'un conseil agronomique ou stratégique indépendant, à caractère public et libre des enjeux commerciaux. »
Autres lacunes d'Ecophyto : le manque de prise en compte du rôle des filières et de l'implication des acteurs de l'aval, ainsi que du secteur de l'agro-équipement.
Le constat porté en introduction du rapport concernant les bons scores des fermes Dephy dans leur capacité à concilier économie et réduction de l'usage des pesticides est plus nuancé lorsque l'on rentre dans le détail des chiffres. « Pour l'ensemble des secteurs de production, les niveaux de performance sont d'une très grande variabilité et ne présentent aucune corrélation », lit-on page 64. Le rapport précise par ailleurs, à l'appui du sous-réseau Dephy des coopératives, « l'extrême utilité des indicateurs de risques pour discerner les trajectoires permettant d'atteindre la triple performance. »
Les réseaux Dephy montrent de réelles marges de progrès, qui posent la question du partage et de la diffusion des informations.
Pour dépasser le niveau de 25 % de réduction de l'usage des produits phytosanitaires, les moyens à mettre en œuvre sont plus diffus : mise en cohérence des différents plans (semences, protéines, agriculture biologique…), des aides liées à la conditionnalité. Approches de groupe, de territoire, mise en œuvre de mécanismes valorisés par le marché… sont avancées comme autant de pistes de changement.
D'autres recommandations concernent les volets réglementaires : aller vers un système unifié d'autorisation de mise en marché en supprimant le zonage géographique pour l'instruction des dossiers au niveau européen ; finaliser la mise au point d'indicateur de risque et d'impact ; élaborer un référentiel de la protection intégrée ; renforcer les moyens de lutte contre les fraudes et infractions…
D'autres propositions sont davantage centrées sur la capacité à élaborer les bons diagnostic au niveau des contaminations, la mise en place d'une bonne sensibilisation des acteurs (guides de bonnes pratiques par filière) afin de décupler l'expertise acquise dans les réseaux Dephy.