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Édito - Point de rupture ?

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La frénésie médiatique n’est quasiment pas retombée depuis le 27 août, date à laquelle le tribunal administratif de Rennes a retoqué l’arrêté municipal de Langouët (Ille-et-Vilaine), qui visait à empêcher les pulvérisations de pesticides à moins de 150 mètres des habitations. Depuis notre dernière lettre, daté du 10 septembre, la tension reste vive. Beaucoup d’élus donnent l’impression de chercher au moins autant le coup de communication qu’une posture rationnelle pour protéger leurs administrés. Le nombre de « maires-courage » ayant posé des arrêtés anti-pesticides s’envole. Même les grandes villes sont entrées dans la danse : Paris, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lille et Nantes annoncent le 12 septembre interdire les pesticides sur leur territoire. Une mesure marginale, qui ne concerne que certaines zones comme les parcs privés, les voies de chemin de fer… car la réglementation en proscrit déjà l’usage par les collectivités depuis 2017 et par les particuliers depuis le début de l’année 2019

La mise en consultation de l’arrêté dédié à la protection des riverains n’a rien arrangé. Il est unanimement critiqué, jugé trop contraignant par la profession agricole et insuffisant par les environnementalistes. Dans les médias, toutefois, c’est cette dernière tonalité qui résonne le plus. Et les agriculteurs commencent à perdre confiance. Et patience… Brandir le travail déjà effectué, depuis plusieurs années, afin d’améliorer les pratiques agricoles, semble ne pas suffire pour faire évoluer l’opinion publique. Contacté par Référence environnement pour évoquer la construction de la « charte de riverains » dans son département, le président de la FDSEA de Seine-et-Marne, a évoqué la colère sourde qui monte dans les exploitations : « Il y a encore peu, je sentais surtout de la bonne volonté… aujourd’hui, les agriculteurs sont tout simplement remontés. »

Face à un « dialogue impossible » et à une « société qui renie son agriculture », les antennes de la FNSEA dans les départements du grand bassin parisien lancent un appel aux agriculteurs, le 16 septembre. Son titre est tristement édifiant : « Les agriculteurs mettent le feu aux portes des villes ». Des manifestations sont prévues tout au long de la semaine du 23 septembre. Les agriculteurs auront alors sans doute un temps d’antenne plus conséquent. La tentation de se cantonner à une expression « virulente » de leur mal-être sera grande… mais il leur faudra trouver la bonne manière de défendre leur réalité et leurs arguments. Il est urgent que, dans l’actualité, l’agriculture redevienne un sujet de fond, mais en gardant raison.