EGA et Macron : une politique agricole visant à réduire les phytosanitaires
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Si Emmanuel Macron a tracé les contours de la future loi qui visera à garantir des prix plus justes aux agriculteurs lors de son discours de Rungis le 11 octobre sur les États généraux de l’alimentation, il a aussi rappelé la ligne directrice qu’il souhaite donner à l’agriculture française d’ici à cinq ans. La lutte contre le recours aux pesticides semble être une priorité.
Séparer le conseil de la vente
Le Président a indiqué le 11 octobre à Rungis que « sur beaucoup de produits phytosanitaires, le conseil n’est pas indépendant. La loi séparera la vente du conseil ». Ce volet devrait donc être intégré au projet de loi sur la transformation agricole qu’Emmanuel Macron compte mettre en œuvre début 2018. « Cette séparation est possible, à condition qu’elle ne se fasse pas au détriment de la qualité et des exigences de nos clients », rappelle Jean-François Loiseau, président d’Axéréal et de l’atelier 4 des Etats généraux de l’alimentation, dédié à la reconquête des marchés à l’international.
Vers la sortie du glyphosate
De manière plus globale, le Président de la République souhaite réduire le recours aux produits phytosanitaires. Emmanuel Macron assure qu’il n’y aura pas d’impasse et qu’il soutiendra la recherche par un programme volontariste d’investissements pour trouver des alternatives. En revanche, il ne reviendra pas sur l’arrêt du glyphosate. « Reporter à dix ans la problématique du glyphosate n’est pas une bonne idée parce que c’est prendre une responsabilité face à l’histoire », affirme le Président.
Une expertise scientifique indépendante
Pour dépassionner le débat sur la question plus générale des phytosanitaires, il compte instaurer des experts scientifiques indépendants. « Nous avons subi ces dernières années trop de pressions, trop d’intérêts cachés et des expertises industrielles qui ne sont en rien des expertises scientifiques », accuse le Président. Il promet qu’il donnera les moyens d’avoir des experts indépendants « dont nous connaissons d’abord les connaissances académiques mais aussi l’indépendance financière par rapport aux pressions existantes ». En France, le Président souhaite une meilleure collaboration entre les différents organismes de recherche : Inra, instituts techniques, chambres d’agriculture, etc.
Une alimentation locale et bio
L’ensemble de ces mesures devraient contribuer, selon le Président, à une montée en gamme de notre alimentation. Il maintient l’objectif de 50 % de produits bio ou locaux en restauration collective d’ici à 2022. « Cela nous permettra de repenser territorialement notre alimentation et d’accompagner la nécessaire restructuration de certaines filières », estime-t-il. Les projets alimentaires territoriaux (PAT) seront « soutenus et encouragés ». Il entend également rémunérer les services que « les agriculteurs rendent à la collectivité en agissant pour préserver les sols, les eaux, la biodiversité et rémunérer de manière juste ces services. » Une enveloppe de 200 millions d’euros est prévue dans ce sens.