Référence agro

EGA : Les plans de filière, un rouage essentiel des États généraux de l'alimentation

Le | Politique

Construire des plans de filière en deux mois top chrono, suite au chantier 1 des États généraux de l’alimentation ? Les responsables d’interprofessions sont unanimes : l’exercice a été fédérateur, constructif et intense. « Nous avons bousculé les agendas, raconte Guillaume Roué, d’Inaporc. Nous avions d’autres temps forts prévus, que l’on a ajournés pour produire un plan de qualité et qui fasse consensus. » Les réseaux ont été activés ou réactivés. De nombreux témoins évoquent des « passerelles renforcées » entre les différents acteurs d’une même filière, au cours de ces deux mois.

Une grande variabilité d’un secteur à l’autre

Le ministère atteste de la grande diversité de cas. Les enjeux, d’un secteur à l’autre, sont de natures très différentes. Et toutes les interprofessions n’ont pas le même niveau d’organisation. L’Association nationale interprofessionnelle des fruits et légumes transformés fédère un nombre d’acteur relativement limité, entre lesquels des contrats-types existent déjà. Le tour de table a été l’occasion d’approfondir des thématiques spécifiques, notamment les enjeux environnementaux. La filière apicole, qui a essentiellement travaillé à la construction de son interprofession, est fatalement plus limitée dans sa capacité d’échange.

Échange avec la société civile en janvier 2018

Stéphane Travert a accusé réception d’une trentaine de documents, plus ou moins aboutis. « Tout le monde n’en est pas au même point, témoignent les services du ministère. Trois ou quatre plans de filières sont prêts à être validés. Notamment ceux qui ont l’habitude de travailler avec les organisations de consommateurs et qui les ont associées à leur travail. » Pour les autres, le mois de janvier sera celui de l’échange avec ces organisations, dont les commentaires seront pris en compte dans la validation des plans filière par le Gouvernement, début février. Un ou plusieurs plans pourraient-ils être recalés ? Question restée sans réponse lors de la clôture des EGA : la tonalité positive et constructive a été privilégiée. Le ministre a tenu à saluer les interprofessions à de nombreuses reprises : « Tout le monde a joué le jeu. Certains engagements chiffrés sont remarquables, prometteurs. »

Les cinq milliards d’euros d’investissement en ligne de mire

La suite ? Une fois les plans validés, commencera alors le temps de l’action. Car, et c’est un autre consensus, aussi positif et fédérateur qu’ait été l’exercice, le plus dur reste à rendre ces plans concrets. Une nuance de méfiance a même transparu lors des échanges libres avec la salle. « Les engagements devront être tenus », a ainsi rappelé Jérémy Decercle, président des Jeunes agriculteurs, manifestement sur la défensive. Autre avertissement signé Thierry Roquefeuil, président du Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel) : « Nous avons mouillé la chemise et passé du temps sur ces plans, dans une période chargée. Nous attendons des politiques des moyens conformes à notre mobilisation. »

Chaque filière attend désormais avec impatience le fléchage des cinq milliards d’euros d’investissement prévus par Emmanuel Macron, que ces plans doivent contribuer à orienter. L’annonce devrait en être faite pour le Salon de l’agriculture 2018.

Responsabilité sociétale et qualité pour la filière viande

Cinq ans pour passer de 3 à 40 % de viande de bœuf en Label Rouge et un doublement du volume en bio pour la viande bovine et ovine. Le plan de filière de l’interprofession bétail et viande (Interbev) rendu le 19 décembre donne des chiffres et fixe le cap : responsabilité et qualité. Engagé dans une démarche de responsabilité sociétale des organisations, la filière vise la norme ISO 26000 à travers un pacte avec la société civile qui s’appuie sur le principe de concertation. Pour mieux répartir la valeur, l’interprofession met l’accent sur la contractualisation qui intègre les coûts de production. Objectif : 30 % des transactions en cinq ans (moins de 2 % aujourd’hui). En 2020, la viande de veau sera intégralement produite sous contrat. A noter aussi, la mise en place d’un observatoire de la viande bovine et de son origine en restauration hors domicile pour « augmenter la présence de la viande française sur ce secteur jusqu’à 80 % dans les 10 ans ». T.T.