Égalim - « Le ministre de l'Agriculture a montré son désintérêt des questions environnementales », Camille Dorioz, FNE
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Référence environnement : Quel bilan tirez-vous de la lecture des députés à l’Assemblée nationale ?
Camille Dorioz : La partie phytosanitaire a entaché le bilan du travail des députés sur la loi Égalim. Nous sommes déçus du rejet de l’inscription dans la loi de l’interdiction du glyphosate. Cela aurait été un acte symbolique de l’engagement de l’État à tenir ses promesses. Même si le Gouvernement martèle qu’il l’interdira quand même, nous n’en sommes pas convaincus.
Le plus choquant est le retrait de l’amendement sur la protection des riverains des phytosanitaires. Alors même que cette demande émanait du ministère de l’Agriculture, Stéphane Travert n’a absolument pas cherché à le défendre, montrant bien son désintérêt des questions environnementales. Au final, Stéphane Travert a uniquement défendu les propositions d’Emmanuel Macron : plus de bio en restauration collective, séparation de la vente et conseil des phytosanitaires.
Par ailleurs, nous sommes également déçus de l’intégration de produits issus de la certification environnementale en restauration collective. Nous souhaitions que cela soit limité à la Haute valeur environnementale, la HVE, soit le niveau trois de la certification. Il ne sera pas possible d’encourager les agriculteurs à aller vers la HVE, si les niveaux 2 et 3 sont valorisés de la même manière par le marché.
R.E. : Malgré tout, notez-vous des avancées ?
C.D. : Oui. C’est le cas de l’extension de l’interdiction aux substances ayant des modes d’action identiques aux néonicotinoïdes, la séparation de la vente et du conseil des phytosanitaires, l'intégration du bio en restauration collective, ou encore l’étiquetage des pratiques agricoles sur les produits.
R.E. : Qu’allez-vous soutenir à l’occasion du passage du texte au Sénat ?
C.D. : Notre travail va s’articuler autour de trois grands axes. Nous allons continuer à militer pour que seul le niveau trois de la certification environnementale soit pris en compte en restauration collective. Nous sommes déterminés à tout faire pour que les sénateurs comprennent l’importance pour le consommateur de l’étiquetage des pratiques agricoles. Enfin, nous demanderons le retour de la protection des riverains vis-à-vis des phytosanitaires : en tant qu’élus, les sénateurs devraient être sensibilisés à cette cause.