Énergies renouvelables, la méthanisation à développer en priorité selon un rapport
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L’agriculture a un rôle central à jouer dans la production d’énergies renouvelables. C’est le message d’un rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), présenté le 21 juillet. Les rapporteurs du document plaident pour le développement prioritaire de la méthanisation.
Les énergies renouvelables gagnent du terrain dans la production d’énergie. Selon une analyse du centre de réflexion Ember, celles-ci ont été à l’origine de 40 % de la production d’énergie en Europe sur le premier semestre 2020, dépassant ainsi les énergies fossiles. Une dynamique dans laquelle l’agriculture a tout son rôle à jouer, selon un rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), présenté le 21 juillet. « L’agriculture peut jouer un rôle pivot dont nous ne pouvons ni ne devons faire l’économie », souligne le document. Actuellement, 50 000 exploitations assurent la production de 20 % de l’énergie renouvelable (3,5 % de la production nationale d’énergie). Une multiplication par trois de ce potentiel est envisagée dans de nombreux scénarios prospectifs, pour atteindre la neutralité carbone en 2050. « La production d’énergies renouvelables issues du secteur agricole ne suffira pas à redessiner le mix énergétique, mais elle y contribuera largement », indique le député du Rhône (LREM) Jean-Luc Fugit, co-rapporteur du rapport.
Développement prioritaire de la méthanisation
Pour accompagner cette dynamique, le rapport formule 20 propositions. Le développement du stockage de l’énergie, de la recherche, du conseil aux agriculteurs en font partie. Le rapport se positionne par ailleurs fortement sur le sujet de la méthanisation, qui doit selon lui être développé « de manière prioritaire ». Le couplage avec la méthanation et l’accroissement des ambitions de la PPE sur le biogaz sont encouragés. « La méthanisation pourrait faire l’objet d’un portage, nous devons avoir une approche plus incisive en la matière », estime Jean-Luc Fugit. Pour accompagner cet effort, le document préconise également de mieux assurer la traçabilité des intrants dans les méthaniseurs, d’organiser une vigilance sur la qualité des installations, et de réduire les fuites indésirables, notamment le CO2, le méthane ou l’ammoniac. « Nous attendons la marque d’un soutien plus fort », résume Jean-Luc Fugit, qui plaide ainsi pour un rééquilibrage des soutiens publics, et appelle à l’engagement d’une réflexion sur le soutien à l’éolien terrestre.
Pour une nouvelle loi foncière
Tout en insistant sur le fait que la production alimentaire doit rester la priorité du secteur et des surfaces agricoles, des pistes sont dessinées pour permettre à cette production d’énergie de valoriser le travail des agriculteurs. « Mon objectif est de faire de la ruralité conquérante », plaide ainsi Jean-Luc Fugit. Le rapport préconise ainsi de déployer des projets de territoire, de favoriser la production et la consommation de ces énergies renouvelables dans le secteur agricole, ou de construire un label pour distinguer ces projets. « L’ambition est que la valeur produite retourne aux agriculteurs et aux territoires, je vois un lien avec les contrats de relance écologique dont a parlé Jean Castex dans son discours de politique générale », indique le co-rapporteur du texte. Enfin, le rapport se prononce en faveur d’un nouveau cadre législatif sur le foncier. « Nous souhaiterions voir une loi foncière en 2021, mais est-ce que le Gouvernement pourra tout faire, nous en discuterons avec le ministre de l’Agriculture lors d’un point futur sur ce rapport », finit Jean-Luc Fugit. Dans ce cadre, le rapporteur appelle de ses vœux le déploiement de l’agrivoltaïsme, qui a également l’avantage de ne pas présenter de conflits d’usage avec la production alimentaire.