Epiterre, une marque pour rémunérer les services rendus par le secteur agricole
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« En ce qui concerne l’érosion de la biodiversité, l’agriculture a sa part de responsabilité, nous ne sommes pas dans le déni. Mais nous avons aujourd’hui envie de montrer que nous mettons le turbo, et apporter notre part dans cette reconquête », explique la présidente de la Fédération national des syndicats d’exploitants agricole (FNSEA), Christiane Lambert. Elle s’exprimait le 25 avril à l’occasion du lancement de la marque Epiterre.
Fruit d’un partenariat entre le syndicat et l’association Imagin’Rural, la démarche a pour but de mettre en relation des entreprises ou collectivités avec des agriculteurs pour valoriser des services environnementaux. « Nous ne réussirons que si la majorité des agriculteurs ont envie d’agir, et pour cela il faut que leur action soit reconnue », indique Christiane Lambert.
Valoriser différemment ce qui ne peut l’être à travers le prix
La marque fonctionne sous la forme d’un guichet unique pour l’ensemble des acteurs intéressés. Une équipe d’une cinquantaine d’experts sera mobilisée pour construire des projets « clé en main », suite à des diagnostics environnementaux et de terrain. Les partenariats seront régis par des contrats de prestation de service environnemental, à travers lequel le client s’engage à rémunérer un agriculteur pour un service à but environnemental réalisé sur son exploitation. « Notre volonté est de réconcilier production et préservation de l’environnement. Une partie des services environnementaux ne pourra pas être valorisée via la commercialisation. D’où l’utilité d’Epiterre, pour que ceux-ci soient rémunérés par des collectivités ou des entreprises », détaille Henri Biès-Péré, vice-président de la Fnsea.
Ce dernier souligne également le contexte favorable à la mise en œuvre de telles démarches, alors que le Plan Biodiversité, adopté au printemps 2018, prévoit une enveloppe de 150 millions d’euros pour les paiements de services environnementaux. Le montée en puissance des politiques RSE au sein des entreprises est également identifié comme un levier d’action.
Impliquer plutôt que sanctionner
Parmi les actions pouvant être mises en place, les intervenants citent entre autres des initiatives pour préserver les pollinisateurs, les zones humides ou pour stocker du carbone. « Plutôt que d’aller vers des sanctions, nous impliquons les agriculteurs dans un projet. Mais il faut leur laisser le temps de mettre en place ces projets sur le terrain », plaide Hervé Lapie, président de la FDSEA de la Marne. Avec l’association Symbiose, dont il est également président, des contrats ont été passés avec RTE pour aménager les pieds des éoliennes. « Chaque installation d’éolienne doit être compensée par deux hectares de jachère. Nous préférons aménager ces espaces », précise-t-il.
Dans le cadre d’Epiterre, des réflexions sont également engagées pour cartographier la capacité de compensation des exploitations agricoles localement. Un moyen de mobiliser les acteurs d’un territoire, en amont. Une ambition d’anticipation partagée par Henri Bonnaud, président d’Imagin’Rural : « Nous voulons replacer l’Homme au cœur de ces projets, afin que les agriculteurs soient des acteurs, et plus seulement des spectateurs, de la biodiversité. »