États généraux de l'alimentation : des attentes multiples (et parfois opposées)
Le | Politique
Alain Bazot, UFC-Que choisir
« Sur 14 ateliers, seuls quatre parlent de l’alimentation. Ce sont d’abord des États généraux de l’agriculture et des industries agro-alimentaires. Je ne voudrais pas que ces discussions soient une vaste justification pour augmenter les prix au stade consommateur. Les prix payés aux agriculteurs se sont effondrés, mais pas ceux au stade consommateur. Autre sujet d’importance pour nous : les perturbateurs endocriniens. Nous appelons à revoir les processus d’évaluation. »
Jérôme François, directeur marketing et communication consommateurs de Nestlé et membre de l’Ania
« Nous devons restaurer la confiance envers le consommateur. Nous avons une des alimentations les plus sûres au monde. Ne nous dénigrons pas nous-mêmes. »
Stéphane Layani, président-directeur général du marché international de Rungis
« Rungis est le marché agro-alimentaire le plus sûr au monde. Pour rassurer le consommateur, nous devrions réaliser des comparaisons avec les autres pays. Les Français mangent mieux que dans la plupart des pays du monde. »
Arnaud Gauffier, head, food & agriculture chez WWF France
« Parlons également d’alimentation durable. Si nous voulons atteindre la neutralité carbone en 2050, nous devrons modifier notre alimentation, avec moins de produits animaux. Nous attendons des décisions politiques qui pourraient se traduire par du législatif et du réglementaire, ainsi qu’un engagement volontaire du secteur privé. »
François Guhl, directeur de l’Agence bio
« La production et la transformation française doivent suivre le rythme de la demande des consommateurs en produits biologiques. Elle a augmenté de 15 et 22 % en 2015 et 2016. Nous voulons davantage de soutien pour la filière, par exemple dans le stockage ou la transformation, pour éviter l’importation de produits bio. Pour l’heure, 80 % des produits consommés viennent de France. Mais le secteur des fruits et légumes a du mal à suivre la cadence. »
Pascal Vinet, directeur de Coop de France
« Nous nous réjouissons de la tenue des États généraux de l’alimentation, qui s’ouvrent dans une logique d’ouverture d’esprit, sans stigmatisation. Nous souhaitons des signaux clairs en matière d’évolution de consommation des citoyens, afin que les coopératives puissent répondre à la demande. Sur les enjeux environnementaux, nous sommes ouverts à tout : phytosanitaires, perturbateurs endocriniens, antibiotiques, etc. Si nous devons stopper des molécules, nous le ferons, mais si le Gouvernement s’assure avant tout qu’il existe des solutions alternatives. »
Laurent Pinatel, porte-parole Confédération paysanne
« Nous appelons à une grande loi sur le revenu des paysans. Nous allons être obligés de passer par la législation pour bouger les lignes. »
Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace
« Nous sommes inquiets de la portée des États généraux de l’alimentation. Il faut davantage de transversalité dans les débats. Nous allons tous nous engager avec beaucoup d’énergie et de temps : nous voulons l’assurance d’un arbitrage politique, qui doit passer par la législation et une feuille de route claire. »
Luc Barbier, président de la Fédération nationale des producteurs de fruits
« Un modèle environnemental a une valeur économique qu’il faudra fixer. Les prix des produits importés ne peuvent pas s’afficher au même niveau, car les pratiques agricoles sont différentes. Nous voulons que les externalités environnementales liées à l’agriculture, comme le stockage du carbone, soient pris en compte. »
Jean-Claude Bévillard, France nature environnement
« Le premier chantier sur la répartition de la valeur ne doit pas se limiter à un dialogue entre agriculteurs, industries agro-alimentaires, distributeurs. Il doit impliquer la société civile. »
François Veillerette, président de Générations futures
« Il ne faut pas opposer deux mondes, et travailler en transversalité. Nous devons d’abord trouver une autre manière de dégager de la valeur ajoutée, un nouveau pacte social, une vision pour l’agriculture de demain, et pas seulement un catalogue de mesures. »
François Desprez, président du Groupement national interprofessionnel des semences, Gnis
« Les variétés sont une partie des solutions pour aller vers la transition écologique. Nous avons besoin des nouveaux outils de sélection, comme la mutagénèse dirigée, pour créer des nouvelles plantes. »
Thierry Loyer, président de l’Union des industries de la fertilisation agricole
« Entre 2005 et 2015, la production des céréales a augmenté de 25 % et la consommation des engrais a été réduite de 25 %. Les agriculteurs déploient des techniques pour modifier les pratiques : analyses de terre, fractionnement des doses d’engrais. Par ailleurs, pour augmenter la valeur de la collecte des céréales, il faut augmenter les taux de protéines. La fertilisation a son rôle à jouer. »
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