États généraux de l'alimentation : « Je crains que nous ne trouvions la solution miracle » : Jean-Yves Mano, président de la CLCV
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Référence environnement : vous avez déjà animé deux réunions. Où en sont les discussions ?
Jean-Yves Mano : 62 personnes participent à cette thématique, de tous les horizons : agriculteurs, industriels, grande distribution, consommateurs, etc. La première réunion a eu lieu le 30 août et la deuxième le 8 septembre. Nous sommes plutôt encore dans le constat, peu de divergences apparaissent pour l’heure. Deux autres tables rondes sont programmées les 19 et 27 septembre. Un point ressort toutefois : les consommateurs exigent que l’État se donne les moyens de contrôler la sécurité sanitaire des aliments. Or, les effectifs de l’administration en la matière diminuent. Nous ne voulons pas d’un système fondé uniquement sur des auto-évaluations des industriels.
R.E. : quelles sont pour vous les grandes priorités des États généraux ?
J.-Y.M. : La rémunération des agriculteurs et la répartition de la valeur est le cœur de ces débats, tout le monde s’accorde sur ce point. Mais la solution ne doit passer par une augmentation du coût pour le consommateur, comme certains ont commencé à le suggérer dans les débats. La formation des prix doit être beaucoup plus transparente.
Les consommateurs sont sensibilisés à la fragilité économique du monde agricole. Lorsque les médias s’emparent du sujet, nous notons une hausse des achats de produits français. Certes, elle s’estompe dans le temps, mais la tendance est de consommer moins mais mieux.
Les industriels doivent faire des efforts pour améliorer la composition des plats préparés. Ça suffit de mettre n’importe quoi dans l’assiette des Français ! Par ailleurs, la restauration collective est un maillon indispensable. Mais avec des repas au coût de revient d'1,40 euro, l’équation est compliquée. Quant à la grande distribution, elle a son rôle à jouer, notamment sur le bio et la conversion des agriculteurs. Il me semble enfin que la politique agricole commune pourrait influer sur la qualité de l’alimentation.
R.E. : pensez-vous que ces débats permettront de trouver un accord entre les acteurs ?
J.-Y.M. : Je crains que nous ne trouvions la solution miracle. Depuis des années, la filière tente de mieux répartir les marges. Et malgré les bonnes volontés, nous n’y sommes pas encore arrivés. Sans doute que cet événement permettra de réorganiser les filières mais je suis sceptique quant à la possibilité du Gouvernement de sortir une réponse à un problème aussi profond. Les Jeunes agriculteurs alertent sur le fait que certains exploitants gagnent 350 euros par mois. Dans le même temps, les industries agro-alimentaires doivent ramener le maximum d’argent à leurs actionnaires. Il y a des difficultés structurelles à valoriser les efforts des agriculteurs dans un marché ouvert au niveau mondial
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