États généraux de l'alimentation : l’essor du bio décrypté par les chambres d’agriculture
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Le bio a occupé une place importante lors des États généraux de l’alimentation, tant pour ses pratiques au niveau agricoles que pour son succès auprès des consommateurs. Une popularité qui n’a pas échappé à l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture, APCA. Laquelle a organisée une demi-journée de débat sur le label à Paris, le 30 novembre.
Le goût du bio séduit de plus en plus
Que cherchent les consommateurs adeptes du bio ? Dans son magasin de producteurs, Étienne Gangneron, également en charge du bio à l’APCA, est « davantage questionné sur les aspects gustatifs que sur les bienfaits du bio pour la santé. » Florent Guhl note la même tendance dans les enquêtes menées par l’Agence Bio, dont il est le directeur : « Le goût et la qualité des aliments bio montent en puissance. »
Au point de challenger les deux critères « historiques », la santé et l’environnement. Aujourd’hui, les trois motivations coexistent, tout comme les canaux de distributions (GMS, enseignes spécialisées, AMAP…). Comme le résume Karen Montagne, socio-anthropologue : « Avec le succès et le nombre croissants d’habitués, le profil-type du consommateur bio n’existe plus. »
Le prix du bio en question
Des conversions en hausse. Une demande en hausse. L’équation économique du bio est-elle ajustée ? Non, répond Alain Bazot, président de l’UFC-Que choisir, pour qui la distribution entrave le déploiement du label par sa politique de marge et d’approvisionnement. « Le marché du bio, dans ses proportions actuelles, est encore jeune, répond Hugues Beyler, directeur agriculture de la Fédération du commerce et de la distribution. La logistique est différente, tout n’est pas encore fluide, ce qui explique la construction des prix. »
Des prix qui restent sujets à débat. Entre la tentation de baisser les tarifs pour encourager la consommation, et le risque de dévaloriser le label avec un bio « low-cost », le chemin de crête n’est pas large. Si Christine Valentin, agricultrice bio, veut croire que le consommateur « reste prêt à payer plus », Alain Bazot rappelle que « 77 % des Français le trouvent trop cher. »
Un contexte stimulant
Les moyens, hors-marché, de stimuler le bio, ont également été abordés. Patricia Blanc affirme que même en cas de coupes budgétaires, « les aides aux conversions et maintien en bio resteront prioritaires » pour l’Agence de l’eau Seine Normandie, qu’elle dirige . La rétribution des services environnementaux rendus par le bio est une autre piste, confirmée par Emmanuel Macron dans le cadre des États généraux de l’alimentation.
Le bio doit aussi compter sur un contexte politique structurant, rappelle l’eurodéputé Éric Andrieu. Pour lui, la révision de la réglementation européenne en passe d’être validée « marque un grand pas en avant », même s’il reconnaît que le texte n’est pas optimal, en raison de la nécessite d’un compromis entre l’ensemble des États membres. Enfin, Delphine Guey, directrice de la communication de l’UIPP, rappelle que l’accompagnement technique de la bio est un facteur de succès important. Les adhérents de l’UIPP représentent plus de 50 % de l’offre des produits de protection des plantes autorisés en bio.