Extrêmes tensions sur les négociations commerciales
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Les négociations commerciales entre les industriels et les enseignes de la distribution se sont achevées lundi 29 mars dans un climat d'extrême tension, et ce jusqu'à la dernière minute.
Le lendemain, Stéphane Le Foll indiquait que les prix du lait seraient maintenus (cf actu suivante). « Nous avons tenu nos engagements sur l'ensemble des produits agricoles », assure même Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), interrogé mardi 1er mars sur France Info. En revanche, du côté des industriels, le ton est plus pessimiste. Jean-Philippe Girard, président de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania) affirme que « les demandes importantes de déflation on été systématiques et maintenues jusqu'aux dernières heures de négociations ». Plus de 300 cas de demandes de baisses de prix, de comportements abusifs ou irrespectueux ont été signalés à l'association par des entreprises agro-alimentaires dans le cadre de l'Observatoire des négociations agricoles. L'Ania en publiera le bilan le 7 mars 2016.
Les prix bas au dépens de la qualité
Même constat chez Coop de France qui, dans une enquête menée auprès de ses adhérents, rapporte un flou, voire une absence de contreparties commerciales proposées en échange de baisses de tarifs. L'organisation regrette que les négociations ne soient animées que par la dynamique des prix bas et qu'elles occultent complètement les notions de qualité des produits, et cela malgré le contexte de crise pesant. « Nous sommes face à des négociateurs et non pas des acheteurs », déplore Rachel Blumel, directrice du pôle agroalimentaire de Coop de France (photo). Difficile d'avoir pour l'instant une vision claire des négociations obtenues mais Jacques Creyssel a indiqué qu'un premier bilan serait publié dans une quinzaine de jours.
Réformer la LME : une mauvaise idée
Pour éviter la spirale baissière du prix des produits agricoles, François Hollande a proposé de réformer la loi de modernisation de l'économie (LME) en y intégrant la profession agricole, au sein d'accords tripartites. Une décision qui ne trouve écho ni chez la FCD ni chez Coop de France. « Nous souhaitons continuer de travailler avec la FCD, et éviter de passer par la loi », témoigne Michel Prugue, le président de Coop de France. « Parler de la LME détourne des vrais sujets comme la surproduction, la baisse des ventes du lait ou de la viande ou le besoin de travailler sur l'innovation et la qualité », déclare quant à lui Jacques Creyssel. Reste à voir si ces bonnes intentions déboucheront sur moins de tension pour les négociations 2017.