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Face à la crise Covid-19, quels besoins concrets pour l’agriculture ?

Le | Politique

Essentiels à la traversée de la crise causée en France par l’épidémie de coronavirus, les agriculteurs ont néanmoins besoin d’aide pour en sortir indemnes. Gouvernement et syndicats multiplient les appels à privilégier les produits frais français, et à rejoindre, pour ceux qui le peuvent, les champs afin de participer aux récoltes de printemps.

Face à la crise Covid-19, quels besoins concrets pour l’agriculture ?
Face à la crise Covid-19, quels besoins concrets pour l’agriculture ?

Comment imaginer une société sans que l’agriculture ne soit une priorité ? Une société avec une agriculture soutenue à la hauteur des enjeux qui lui sont assignés et une agriculture respectée ! Ce sera espérons-le, l’un des grands enseignements à tirer après la crise du virus-Covid19 que traverse la planète. D’ici là, des écueils sont à éviter pour continuer à produire, en tout premier lieu en sécurisant l’économie agricole. Si le ministre de l’Agriculture a assuré qu’il n’y avait aucune menace de pénurie, le gouvernement va désormais plus loin en appelant les consommateurs à privilégier les produits frais et français. « Approvisionnez-vous en produits français ! », a ainsi déclaré le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, le 24 mars lors d’une interview télévisée. Une injonction qui concerne aussi bien les distributeurs, que les consommateurs. Car, pour bien se nourrir, encore faut-il permettre aux premiers maillons de la chaîne alimentaire, de pouvoir continuer à vivre de leur métier.

« Éviter des situations de faillite »

Ce message a également été relayé par les syndicats. « Nous vous demandons de privilégier vos approvisionnements avec des productions locales. L’économie de nos exploitations, déjà mis à mal par de nombreuses crises, dépend aujourd’hui de vous », indiquent les Jeunes agriculteurs d’Occitanie dans une lettre ouverte adressée aux distributeurs. La région produit chaque année près d’un million de tonnes de fruits et légumes. « Il faut continuer à acheter des produits frais français pour éviter des situations de faillite », assure Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, lors d’un point organisé sur son compte Twitter, le 24 mars. Elle a, à cette occasion, indiqué avoir contacté les principaux groupes de la grande distribution, qui se seraient engagés à davantage s’approvisionner et mettre en avant les produits français.

Cette dernière s’est par ailleurs longuement exprimée sur l’annonce de la fermeture des marchés de plein vent, le 23 mars au soir. « Les marchés pourront rouvrir à condition d’un respect total des gestes barrières, nous travaillons au renforcement d’un guide de bonnes pratiques pour les maires », explique Christiane Lambert. Un investissement qui a payé. Le 26 mars, dans un communiqué commun, une quinzaine d’organisations agricoles indiquent qu’un protocole sanitaire pour rouvrir les marchés a été validé par le Gouvernement. Celui-ci est à la disposition des préfets, qui peuvent accorder les autorisations d’ouverture. « Grâce à ce protocole, il est possible de concilier les deux priorités, d’une part garantir la sécurité sanitaire pour la population, y compris les professionnels et leurs salariés, et d’autre part assurer la mission d’approvisionnement de la population en produits frais », est-il précisé. 

 

Palier le manque de main d’œuvre dans le maraîchage

Mais l’approvisionnement même de fruits et légumes frais est aujourd’hui menacé par le manque de main d’œuvre. Chaque année, 200 000 saisonniers, dont les deux tiers venant de l’étranger, sont mobilisés sur les mois d’avril, mai et juin. Dans ce cadre, l’entreprise Wizifarm a lancé l’initiative « Des bras pour ton assiette », qui permet de mettre en relation bénévoles et producteurs en manque de bras. « Si cet appel n’est pas entendu, les produits resteront dans les champs et le secteur du maraîchage sera sinistré », prévient Christiane Lambert. L’appel semble avoir été entendu par le gouvernement. Le 24 mars, Didier Guillaume appelait ainsi ceux qui « ne travaillent pas, qui sont confinés chez eux dans leur appartement ou dans leur maison, qui sont serveurs dans un restaurant, hôtesses d’accueil dans un hôtel, aux coiffeurs, qui n’ont plus d’activités », à aller aider les agriculteurs.

Cumuler chômage technique et travail saisonnier

Pour cela, un guide pratique établi par le ministère du Travail, construit avec les acteurs de la filière, sera diffusé avant la fin de la semaine, aux entreprises et exploitations. Il fournira des solutions concrètes pour garantir la sécurité sanitaire des salariés. Une plateforme dédiée, mise en place avec Pôle Emploi, devra permettre de faciliter les recrutements. « Les dispositions législatives et réglementaires, prises en application de la loi du 23 mars 2020 d’urgence pour faire face à l’épidémie de covid-19, prévoiront un dispositif simple et exceptionnel, permettant aux salariés qui subissent une mesure d’activité partielle de conclure un contrat de travail avec une entreprise du secteur », est-il précisé.

Par Laure Hänggi et Anne Delettr

Dérogation du temps de travail dans l’agroalimentaire

  • Afin que le secteur agroalimentaire puisse approvisionner en contenu, une augmentation du temps de travail jusqu’à 60 h lui a été accordé. Quatre ordonnances du plan issu de la loi d’urgence présenté le 25 mai en Conseil des ministres portent sur un volet de mesures touchant au droit du travail.  
  • Les salariés des entreprises de l’agroalimentaire étaient jusqu’alors limités à une semaine de 48h. Ils pourront également cumuler plusieurs semaines de 46 heures en moyenne contre 44 heures sur une période de 12 semaines consécutives. Si cet accroissement du temps de travail est occasionnel, par exemple pendant une ou deux semaines, le volontariat n’est pas requis. La contrepartie pour les salariés sera un paiement en « heures supplémentaires » à partir de la 36e heure (majorées de 25 % ou plus si un accord le prévoit) et dans le respect du temps de repos légal.
  • Les règles du travail dominical, seront aussi assouplies pour permettre à certaines entreprises de tourner 7 jours sur 7, notamment dans les secteurs des télécoms, de l’alimentation et des transports, mais ce travail sera uniquement sur la base du volontariat.