Feuille de route phytos : « peu de place au dialogue », Carmen Etcheverry, FNE
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Le Gouvernement a comme prévu déclenché les concertations sur sa feuille de route relative aux produits phytosanitaires le 15 février « Nous sommes sceptiques sur la méthodologie de concertation employée, indique Carmen Etcheverry, chargée de mission agriculture chez France nature environnement (FNE), qui était présente le 15 février. On nous a donné trois semaines pour remplir un questionnaire. De plus, Stéphane Travert a indiqué qu’une réunion pour finaliser le plan se tiendra début avril : cela laisse peu de temps pour le dialogue et l’échange. » Un délai qui signifie également que le projet ne sera pas bouclé pour la fin mars, comme promis par le ministre.
Hausse de la redevance pour pollutions diffuses
« Par ailleurs, la feuille de route prévoit des expérimentations sur les alternatives au glyphosate avec des résultats attendus dans les trois ans. Mais elle ne mentionne pas de sortie du glyphosate à cette échéance, ce qui nous inquiète », poursuit la chargée de mission.
FNE compte être proactif dans les échanges : « Nous demandons une hausse de la redevance pour pollutions diffuses, afin que l’assiette soit triplée. Cette enveloppe doit financer des mesures telles que le plan pour l’agriculture biologique ou encore le conseil agricole indépendant. »
L’association réclame également davantage de transparence dans les résultats et les finances du plan Écophyto 2. « Nous n’avons toujours pas les résultats sur 2016, poursuit Carmen Etcheverry. Ce plan est onéreux et nous ne constatons pas de baisse de l’utilisation des produits phytosanitaires. »
Des zones sans pesticides
Le tableau n’est toutefois pas tout noir. La feuille de route comprend des avancées selon FNE, à l’instar des plans filières qui obligent tout un secteur à répartir le risque de la baisse des pesticides.
Le texte prévoit aussi la mise en place de zones d’intérêt écologique. « Nous aimerions que d’autres zones soient exemptes de pesticides comme les zones d’intérêt spécifique pour la biodiversité, des zones de protection des riverains, les zones non traitées (ZNT) en bordure des cours d’eau, etc ». À ce titre, FNE a engagé une quarantaine de recours juridiques sur le tracé des cours d’eau classé, confié aux préfets en 2017. « Ce qui a conduit, dans certaines zones, a de nombreux déclassements. Nous voulons que les zones concernées revoient leurs cartes. »