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« Finaliser les décrets de la loi Égalim, et aligner les moyens et outils pour la restauration collective », Caroline Faraldo (FNH)

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Caroline Faraldo, responsable agriculture et alimentation à la Fondation pour la Nature et l’Homme, siège au Conseil national de la restauration collective (CNRC). Pour Référence environnement, elle décrypte la V2 des différents décrets d’application de la loi Égalim, rédigée suite à la première session du CNRC, le 13 mars. Ceux-ci doivent préciser :

  • la nature des aliments concernés par les 50 % d’aliments durables prévus dans les cantines,
  • la composition des Conseil régionaux de l’alimentation (Cralim)
  • et les modalités de l’expérimentation d’un affichage d’informations détaillées liée aux ingrédients des menus.

Référence environnement : Quels sont vos retours sur la version 2 du projet de décret consacré à l’approvisionnement dans la restauration collective ?

Caroline Faraldo : Nous sommes plutôt satisfaits de la fermeté montrée par la DGAL, qui garde le focus sur les signes et mentions publiques. Même si nous sommes convaincus que certaines d’entre elles doivent encore évoluer vers plus de durabilité, notamment le Label rouge, les AOP ou les IGP… c’est pour nous un gage de sérieux. Nous ne voulons pas exclure les démarches privées, à condition que leurs cahiers des charges soient transparents. En cela, la reconnaissance HVE est une bonne porte d’entrée. Nous estimons dommage l’accès à des produits issus de fermes de niveau 2 de la certification environnementale aux « 50 % », insuffisamment exigeante, jusqu’en 2030. Mais elle est inscrite dans la loi : le décret ne peut donc pas modifier cet aspect.

R.E. : Avez-vous la même satisfaction concernant la composition des Conseils régionaux de l’alimentation (Cralim), dont le décret est également en cours de rédaction ?

C.F. : Nous espérions que la présence de la société civile, dont nous serions potentiellement représentants, reste valable dans cette V2. Ce n’est pas le cas. À la place, il est évoqué les « associations dont l’objet est directement lié à l’alimentation », ce qui exclue du monde ! Concernant le troisième décret, sur l’affichage expérimental d’informations liées à l’approvisionnement des cantines, il aborde seulement les aspects nutritionnels, « fait maison » ou évoquant le lieu de production. Rien sur l’environnement, le bien-être animal ou le cycle du carbone. Les acteurs de la restauration trouvent cela trop complexe. Mais dans le cadre d’une expérimentation, le but est justement d’essayer !

R.E. : Globalement, quelles sont vos premières impressions sur le fonctionnement du CNRC ?

C.F. : La démarche de concertation est positive, et l’écoute nous semble bonne. En revanche, sur les 54 membres, seule FNH a une vocation clairement dédiée à l’environnement. C’est trop peu ! Nous avons donc mobilisé une dizaine de structures (1) traitant de ces sujets, en amont de la première session, pour avoir une approche la plus complète possible et maîtriser le plus de sujet. Je me fais en quelque sorte leur porte-drapeau, avec les représentants de Commerce équitable France, la Fnab et la Confédération paysanne siégeant au CNRC.

R.E. : Quelles sont les prochaines étapes ?

C.F. : Nous allons participer aux travaux de groupe, d’ici à la prochaine session, fin juin et au-delà. Les décrets doivent être finalisés et le temps de la mise en œuvre de la loi doit être amorcé. Et pour cela il faut des moyens financiers et des outils pour la restauration collective ! Nous devons être vigilants : le Grenelle de l’environnement, par exemple, a présenté son lot de promesses non-tenues car les moyens n’avaient pas été alignés.

Nous ne souhaitons toutefois pas nous cantonner aux décrets d’application concernant nos idées sur la restauration collective. Par exemple, il faut se repencher sur l’origine locale des aliments, qui n’est pas dans la loi car aucun moyen n’a été trouvé pour s’adapter aux principes du droit de la concurrence européen. La France doit être leader pour assouplir ce frein au sein de l’UE. Le Gouvernement doit aussi avoir une politique volontariste de montée en gamme et de développement des signes et mentions publiques et privés pour qu’ils intègrent plus d’exigences environnementales et de bien-être animal et puissent répondre à la fois aux enjeux sociétaux et à la demande de la restauration collective.

(1) l’Association Végétarienne de France, CIWF France, Commerce Equitable France, la Confédération Paysanne, la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique, Greenpeace France, la Ligue de Protection des Oiseaux, Réseau Action Climat et WWF France.