Gaspillage alimentaire : « savoir d’abord de quoi on parle », Angélique Delahaye, députée européenne
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Le gaspillage alimentaire est sur la table de la Commission européenne depuis des années. En 2012, le Parlement a demandé à l’instance bruxelloise de prendre des mesures d’urgence pour diminuer de moitié ces pertes d’ici à 2025. La Commission avait choisi en 2014 d’intégrer ce sujet dans une proposition législative sur les déchets… qui sera finalement retirée. Le gaspillage alimentaire revient fin 2015 dans un paquet sur l’économie circulaire. Une communication de la Commission européenne a été publiée dans ce sens le 2 décembre.
Référence environnement : Les associations reprochent l’absence d’objectif chiffré dans le texte de la Commission européenne alors que celui de 2014 prévoyait une réduction d’au moins 30 % entre 2017 et 2025.
Angélique Delahaye : La Commission européenne a juste publié une communication. Les députés européens attendent désormais les discussions concrètes avec celle-ci sur le sujet. Au-delà de l’objectif chiffré, il faut d’abord que nous nous mettions d’accord sur la définition du gaspillage alimentaire. Nous n’avons pas la même vision, notamment au niveau de la production agricole. Le rapport de la FAO est d’ailleurs très controversé sur ce maillon. Par exemple, une pomme tavelée est-elle considérée comme du gaspillage alimentaire ? Pour moi non, car elle n’est pas consommable. Savoir de quoi on parle me parait également un préambule à la loi française.
R.E. : Quel est le calendrier envisagé pour le texte européen ?
A.D. : Le Parlement européen va se saisir du dossier au premier trimestre 2016 et va proposer un ou plusieurs rapports au Conseil, selon les Commissions qui souhaitent prendre part au débat. Quand ils seront bouclés, il y aura un vote en session plénière. Il faudra ensuite trouver un arbitrage entre la Conseil et la Commission. La procédure devrait prendre au minimum un an.
R.E. : Comment le texte européen s’articulera-t-il avec la loi française ?
A.D. : La législation européenne prévaut sur les lois nationales. Tout va dépendre également du niveau de précision du texte européen. Toutefois, il est important de ne pas aller trop loin dans la réglementation française afin de ne pas créer des distorsions de concurrence avec les autres États membres.
R.E. : Y a-t-il des États membres particulièrement moteurs ?
A.D. : La Belgique est très motivée par une politique sur le gaspillage alimentaire. À l’inverse, pour l’Allemagne, le sujet est plus compliqué car c’est historiquement le culte qui s’occupe de l’aide alimentaire aux associations. Et puis, les habitudes ne sont pas les mêmes. Les pays du sud consomment par exemple plus de fruits et légumes. Le gaspillage alimentaire est donc différent selon les États membres.