Glyphosate : le Parlement européen demande une autorisation limitée à 7 ans
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Le parlement européen propose de renouveler l’autorisation du glyphosate, pour des usages agricoles, pour 7 ans. La profession agricole demande 15 ans. Les Etats Membres se prononceront les 18 et 19 mai.
Le Parlement européen a, le mercredi 13 avril, adopté, à une courte majorité, une résolution demandant un renouvellement pour 7 ans de l'autorisation de mise sur le marché du glyphosate mais uniquement pour des utilisations agricoles : l'autorisation devant expirer au mois de juin. La Commission européenne avait de son côté proposé 15 ans. En parallèle, la résolution invite l'exécutif européen « à lancer une étude indépendante de la toxicité globale et de la classification du glyphosate ». Le parlement n'a toutefois pas suivi la recommandation de sa commission de l'Environnement qui s'était prononcée le 22 mars contre la ré-homologation du glyphosate en Europe. Prochaine étape : la rédaction, par la Commission, de sa proposition qui peut tenir compte de la demande du Parlement, ou rester sur sa première version. Le vote des États membres interviendra les 18 et 19 mai 2016. Si la majorité qualifiée n'est pas atteinte, la décision d'approuver ou non le glyphosate reviendra à la Commission européenne.
Le monde agricole milite pour une autorisation de 15 ans
La polémique est née d'une publication le 20 mars 2015, du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), classant le glyphosate comme probablement cancérigène. L'Efsa et l'Allemagne, Etat membre rapporteur dans le cadre de la ré-approbation de la molécule, ont considéré dans leur évaluation que le glyphosate utilisé convenablement n'est pas cancérigène. Pour Jean-Charles Bocquet, directeur de l'ECPA (European crop protection), « sur la base des données scientifiques consignées dans les 90 000 pages des rapports d'études, et dans l'intérêt du monde agricole, la Commission doit renouveler pour 15 ans le glyphosate. Les Etats membres pourront ensuite, s'ils le souhaitent, revoir les autorisations existantes des produits. » Même position du côté du Copa-Cogeca. Suite au vote des Eurodéputes, l'organisation européenne des producteurs et coopératives demande à la Commission de prolonger à 15 ans l'autorisation comme elle l'avait proposé initialement « au risque de mettre la production agricole en danger. »
Dépolitiser le débat
La plateforme Glyphosate, qui regroupe les sociétés produisant la molécule, a indiqué « la nécessité de dépolitiser le débat sur le glyphosate ». Elle rappelle que, « toutes les institutions européennes impliquées dans l'évaluation du glyphosate considèrent que l'écart entre les conclusions du CIRC et de l'EFSA peut être expliqué, comme ont été expliqués les précédents cas de divergences entre les deux institutions ». Quant aux ONG, elles se disent déçues par le vote du Parlement mais soulignent une avancée dans la proposition d'interdiction sur les espaces verts publics et en usage amateur.
Enfin, des interrogations demeurent sur les risques potentiels liés aux co-formulants présents dans les produits à base de glyphosate. L'Anses doit rendre un rapport sur la question ce mois-ci.