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Glyphosate : totale incompréhension du monde agricole

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Fin août, Nicolas Hulot déclairait que la France s'opposerait à la proposition de la Commission européenne de renouveler pour dix ans l'approbation du glyphosate. Depuis, les organisations professionnelles agricoles appellent, les unes après les autres, le Gouvernement à faire marche arrière. Elles s'étonnent de l'incohérence de cette position avec les orientations du Gouvernement en faveur des stratégies de production durable comme l'agriculture de conservation.

« En l'absence d'alternative, l'interdiction de cette solution remettrait en cause des pratiques en plein développement faisant partie intégrante de l'agroécologie : non-labour, couvert permanent des sols, cultures intermédiaires… », précise Coop de France. Et l'Apad (Association pour la promotion d'une agriculture durable) d'annoncer « une décision contre-productive » : « En supprimant radicalement un outil plutôt que l'encadrer intelligemment, le gouvernement sera responsable d'un retour à un travail du sol accru et coûteux (dont la charrue est le symbole) qui dégrade les sols, les appauvrit et détruit les processus de régulations biologiques, entretenant ainsi le besoin de recours aux pesticides, sans compter l'érosion, le déstockage de carbone, les émissions de gaz à effet de serre… à l'encontre même des objectifs de l'accord de Paris ! »


« Le ministre de l'Agriculture doit réagir ! »

La conférence de rentrée de la FNSEA, le 5 septembre, a permis à sa présidente Christiane Lambert de s'exprimer sur le sujet : « raisonner et réduire progressivement l'usage de cette molécule, oui. L'interdire totalement et brutalement, non ». Christiane Lambert souhaite que « la raison l'emporte sur l'emballement » et espère que Stéphane Travert réagira pour défendre la position des agriculteurs, pour qui aucune alternative n'existe. Elle affirme également qu'elle évoquera le sujet en direct avec Nicolas Hulot, lors de leur prochaine entrevue trimestrielle.


Un impact évalué à 2 milliards d'euros

De son côté, la Plateforme Glyphosate France met en avant l'impact économique d'un éventuel retrait du glyphosate. Selon un sondage Ipsos réalisé du 9 au 31 mars 2017 auprès de 904 agriculteurs et une dizaine d'experts agricoles, industriels et institutionnels, le coût de ce retrait serait de 2 milliards d'euros.

Plus de 70 % des producteurs estiment que le retrait du glyphosate aurait un impact sur l'organisation du travail et la rentabilité de leur exploitation. Concrètement, les coûts de production augmenteraient tandis que les rendements diminueraient significativement. Les baisses de rendements et le recul des exportations de céréales et de vins qui en découleraient entraîneraient des pertes de 0,90 milliard d'euros pour la filière viticole et de 1,06 milliard d'euros pour la filière céréalière.