Glyphosate, une présence dans les écosystèmes et l’alimentation régulière mais sous les seuils réglementaires (Anses)
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L’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, a mis en ligne sur son site, le 29 octobre 2019, une fiche présentant le bilan des données de surveillance qu’elle a recueillies sur le glyphosate et son métabolite principal, l’acide aminométhylphosphonique (AMPA), dans le cadre du dispositif de phytopharmacovigilance qu’elle coordonne. Comme pour toutes les fiches de synthèse résultant de ce dispositif, les informations concernent : l’utilisation de la substance active, sa présence dans les milieux (eau, alimentation, air ambiant, imprégnation humaine), les risques pour les populations associés à son exposition, les impacts observés et les liens potentiels avec cette substance active.
Une présence restant inférieure aux seuils réglementaires
L’ensemble des données révèle que la présence du glyphosate et de l’AMPA dans les écosystèmes et l’alimentation demeure à un niveau inférieur aux valeurs seuils réglementaires. L’Agence rappelle que la DJA du glyphosate (dose journalière admissible pour une exposition chronique par voie orale), ainsi que la dose de référence aiguë, sont estimées à 0,5 mg/kg de poids corporel/jour. Les seuils de toxicité chronique et aigu pour un consommateur de 60 kg correspondent donc à une absorption quotidienne de 30 mg de glyphosate.
L’Anses informe toutefois qu’elle poursuit ses travaux sur le glyphosate visant à renforcer les connaissances actuelles sur le potentiel caractère cancérogène de la substance, ainsi que l’évaluation des alternatives possibles à la molécule dans le cadre des autorisations de mise sur le marché.
Selon la fiche de phytopharmacovigilance publiée :
- Dans les eaux de surface, la présence de glyphosate et de l’AMPA est fréquente : 50 % des prélèvements pour le glyphosate et 74 % pour l’AMPA en 2017. Mais les concentrations observées sont généralement inférieures aux valeurs toxicologiques de référence en vigueur pour les environnements aquatiques, avec un seul dépassement en onze ans de surveillance.
- Dans les eaux souterraines, le glyphosate et l’AMPA sont présents dans 3 à 4 % des prélèvements en 2017, avec des dépassements annuels de la norme de qualité de l’eau (concentration maximale de 0,1 µg/l pour chaque substance) pour moins de 1 % des points de prélèvements.
- Le dépassement de la norme de qualité de 0,1 µg/l dans les eaux destinées à la consommation humaine est quant à lui très limité : 3 prélèvements sur 7 596 pour le glyphosate en 2017. À noter en outre que le seuil sanitaire pour le glyphosate et l’AMPA (valeur de référence dérivée des valeurs toxicologiques, Vmax) est fixé à 900 µg/l, soit une valeur 9 000 fois supérieure à la norme de qualité.
- Concernant l’exposition de la population française par voie alimentaire, les études montrent qu’elle est inférieure à 1 % de la dose journalière admissible (DJA), une valeur sanitaire de référence pour les risques de toxicité chronique. L’Anses signale toutefois qu’il serait pertinent de mieux documenter et analyser les autres modes d’exposition par voie orale, par inhalation et par voie cutanée.
- Enfin, concernant le glyphosate retrouvé dans les échantillons urinaires, l’Agence précise que les quantités de l’ordre de 1 µg/l correspondent à une exposition par voie orale inférieure à 1 % de la dose journalière admissible. Des résultats complémentaires de surveillance du glyphosate dans les urines de la population générale seront disponibles en 2020, grâce à l’étude Esteban de Santé publique France.