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« La communication du ministère sur le bien-être animal provoque un malaise », Léopoldine Charbonneaux, directrice de CIWF France

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Didier Guillaume a rencontré le 9 janvier 2019 onze fondations et associations de protection animales présentes au Cnopsav, le Conseil national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale, du ministère de l’Agriculture. Retour sur la rencontre avec Léopoldine Charbonneaux, directrice de CIWF France.

Référence environnement : Quelle a été la teneur de la rencontre avec le ministre de l’Agriculture ?

Léopoldine Charbonneaux : Nous avons surtout exposé nos attentes en matière de bien-être animal. Le ministre a tenu d’emblée à nous indiquer qu’il ne nous promettrait rien. Quoi qu’il en soit, nous avons pu nous faire le relais d’une attente sociétale très forte. Nous avons demandé l’intégration du bien-être animal dans la Politique agricole commune, une meilleure information des consommateurs via l’étiquetage, et une évolution des pratiques d’élevage, d’abattage et de transport. Plus concrètement, nous voulons une meilleure application de la réglementation avec un renforcement des contrôles et des sanctions ainsi que des avancées sur la gestion des animaux maltraités. En particulier, j’ai évoqué la nécessaire évolution des pratiques d’élevage, par exemple avec une fin progressive des cages, notamment pour les poules d’ici à 2025. Nous souhaitons également un travail sur les pratiques douloureuses, avec l’arrêt du broyage des poussins mâles en élevage de poules pondeuses, et un renforcement de la réglementation pour les transports d’animaux sur de longues distances. Si nous œuvrons déjà avec les filières sur ces sujets, il est nécessaire d’avoir une impulsion politique forte et des moyens.

R.E. : Êtes-vous satisfaite de cette rencontre ?

L.P. : Nous sommes très heureux d’avoir été reçus tous ensemble au ministère. Nous avons pu présenter nos attentes de manière pragmatique et unie. Toutefois, nous sommes très surpris du communiqué de presse publié à l’issue de notre rencontre, intitulé : « Bien-être animal : Didier Guillaume rappelle aux associations l’engagement du gouvernement et demande à ce que cessent les mises en cause systématiques de nos éleveurs. » D’une part la stratégie bien-être animal du gouvernement n’a pas été abordée directement. D’autre part, nous sommes venus à cette réunion dans une démarche pragmatique, constructive, avec des pistes de solutions pour appuyer nos demandes. Et non en dénigrant le travail des agriculteurs. Cette communication du ministère a provoqué un malaise : nous avons l’impression de ne pas avoir participé à la même réunion et que notre travail n’est pas reconnu.

R.E. : Pourquoi L214 n’était pas présente, et que pensez-vous de leurs actions ?

L.P. : Le ministre avait invité les organisations membres du Cnopsav, dont L214 ne fait pas partie pour l’instant. Leurs actions ont été utiles pour montrer du doigt des pratiques inacceptables en France, notamment à l’abattoir. Si nous ne partageons pas leur positionnement abolitionniste, nous considérons qu’il est utile de dénoncer certaines pratiques. Pour CIWF, accompagner les entreprises et mettre en avant ceux qui font bien est également un enjeu majeur, pour montrer au citoyen et au consommateur que l’élevage industriel n’est pas une fatalité.

* CIWF France, Confédération nationale-Défense de l’Animal, Conseil National de la Protection Animale, Fondation Assistance aux Animaux, Fondation Brigitte Bardot, Fondation 30 millions d’amis, Société Protectrice des Animaux, Fondation Droit Animal Ethique et Sciences, Ligue Française pour la Protection du Cheval, l’Œuvre d’Assistance aux Bêtes d’Abattoirs, Welfarm