La FAO accélère sur l'agro-écologie
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Plus de 70 ans après les premières sessions de son comité agricole, qui prônait l’usage de la chimie pour répondre aux problèmes de fertilité des sols ou de gestion des nuisibles, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) tourne officiellement la page du productivisme agricole. À Rome du 3 au 5 avril 2018, le second symposium international a réuni plus de 700 participants, 72 gouvernements et 350 institutions et organisations, pour promouvoir et intensifier l’agro-écologie dans le monde.
Développer un cadre légal et réglementaire
Pourtant, « 30 pays seulement ont mis en place un cadre législatif autour de l’agro-écologie », explique José Graziano da Silva, le directeur général de la FAO, en ouverture du symposium. Réchauffement climatique, démographie et sécurité alimentaire, biodiversité…la légitimité de l’agro-écologie pour répondre à l’ensemble de ces enjeux ne se discute plus en théorie, mais en pratique. Et c’est là tout l’objectif de ce second symposium : donner une feuille de route à l’ensemble des acteurs (chercheurs, ONG, gouvernements,) pour accélérer l’établissement de ce mode de production au niveau mondial. « Pour avancer, nous avons besoin que davantage de gouvernements et de décideurs politiques issus du monde entier s’impliquent » continue le directeur général de la FAO.
L’innovation doit repartir du terrain
L’ancien ministre de l’Agriculture français Stéphane Le Foll était invité à prononcer un discours d’ouverture sur la base de son engagement pour l’agro-écologie durant son mandat (2012-2017). Citant Michel Griffon et la nécessité d’une « révolution doublement verte », le français a insisté sur l’intégration des agriculteurs dans le processus d’innovation agro-écologique, arguant que « chaque écosystème a sa propre vérité et validité sociale, culturelle et économique ». « Nous devons nous appuyer sur cette diversité, continue-t-il. Il faut de la technique, des technologies et des chercheurs mais aussi les connaissances des agriculteurs : chacun doit être respecté. »
Travert fixe l’objectif français à 30 000 fermes pour Écophyto 2
Le ministre de l’Agriculture actuel, Stéphane Travert, a précisé, lors d’une table-ronde de clôture, qu’il souhaite « dans le cadre du plan Écophyto 2, multiplier par 10 le nombre de fermes engagées dans l’agro-écologie à bas niveau de produits phytosanitaires, pour atteindre 30 000 fermes ».
En clôture du symposium, la FAO a diffusé une feuille de route, « Promouvoir l’agro-écologie », donnant le cap à tous les acteurs pour « transformer les systèmes alimentaires et agricoles ». Elle comprend une liste d'« engagements urgents » à prendre pour encourager le processus de transition.